En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
Si l’extérieur promet une vraie révolution, la Peugeot 408 n’est pas si renversante que cela au volant. Ce nouveau modèle, à la croisée des genres, confirme surtout que Peugeot vise désormais à interpeller via l’image plutôt que séduire par les émotions, rentrant ainsi dans un certain conformisme malgré une apparente fraicheur.
Après une journée passée en compagnie de la nouvelle Peugeot 408, il y a de quoi être perplexe. Perplexe car sur le papier, la sochalienne a tout pour paraître ultra singulière : un look bien à elle et impossible à confondre avec une autre, la volonté de se démarquer par une proposition à mi-chemin entre berline et SUV et une campagne marketing mettant l’accent sur l’exclusivité et la volonté de rouler différent, « avec allure ». Pourtant, dans la vraie vie, c’est un peu tout l’inverse. A savoir que la nouvelle venue s’inscrit en fait dans un style actuellement très porteur et déjà initié par les Citroën C4 et C5X (et dans une moindre mesure, le Renault Arkana) avant elle, et que sous sa robe qui multiplie les arrêtes, on retrouve en fait beaucoup de l’ADN visuel de la 308.
Quant à la trouver belle ou pas, on vous laisse seuls juges, mais sachez que certains volumes pouvant paraître lourds ou disgracieux en photo sont beaucoup moins flagrants une fois la voiture en mouvement. Croyez bien que votre serviteur, très prompt à critiquer la proposition quand elle a été dévoilée il y a de ça quelques mois, en a été le premier étonné. Il y a quelque chose d’agressif et attirant dans la signature lumineuse de la 408 quand elle se meut qui ne m’a pas laissé indifférent. Reste que l’ensemble n’est pas des plus homogènes, l’œil ne sachant pas toujours que regarder devant tant d’informations.
Une conduite aux antipodes du look
Mais si on peut être interloqué par son design, la conduite de la grande berline (4,69 m de long pour 1,85 m de large) se veut en revanche d’un classicisme assumé. Difficile de faire plus impersonnel en termes de prestations, tant la Peugeot se veut filtrée, efficace et sans saveur. Le confort ? Franchement étonnant, à fortiori avec les plus grosses jantes disponibles au catalogue, affichant 20 pouces. Peugeot a fait le choix de ne proposer qu’une suspension passive, cette dernière ayant un tarage différent selon qu’elle soit présente sur une 408 à motorisation hybride rechargeable ou bien à motorisation purement thermique, en raison de la masse supplémentaire induite par les batteries. Sur l’hybride 225 ch, seule motorisation qui nous a été offerte le jour de l’essai, le châssis s’y entend à merveille pour gommer le relief de la route et il n’y a vraiment que sur les trous et autres dos-d’âne très saillants que les grandes jantes percutent et rebondissent au point que cela se ressente dans l’habitacle. Mais le grand débattement permet de préserver les passagers la plupart du temps.
Revers de la médaille, on s’ennuie ferme au volant et l’on doit composer avec des mouvements de caisse bien marqués, bien que le poids de la version PHEV 225 ch ne soit pas si impressionnant que ça, puisque annoncé à 1 706 kg. L’agilité est dans la moyenne, mais l’ensemble peut vite paraître un peu débordé dans les enchaînements de virages, avec une inertie bien perceptible. Très stable avec un arrière indécrottable sauf à la jeter sauvagement dans les virages, la Peugeot dispose aussi d’un train avant qui peut s’avouer assez rapidement vaincu, même avec les pneus sportifs Goodyear Eagle F1 en 245 de large livrés de série avec les jantes de 20 pouces. Le sous-virage n’est jamais très loin et l’ESP intervient tôt pour éviter que l’auto ne saucissonne et se fasse emporter par sa masse. Frustrant pour qui aime conduire plus vite que la moyenne mais vrai gage de sécurité si le besoin de faire un évitement sur voie rapide survenait sans prévenir. Même la direction et le petit volant du poste de conduite i-Cockpit ne sont plus garants d’un certain fun au cerceau, en raison de trop faibles remontées d’informations et d’une consistance qui paraît plus artificielle qu’avant. En définitive, Peugeot semble avoir définitivement tourné la page des autos du quotidien avec un certain peps, qui pouvaient se montrer engageantes et valorisantes pour qui souhaitait s’amuser avec elles. Comme les dernières 208 et 308, la 408 fait le choix du conformisme au détriment de l’amusement. Le plumage est attrayant voire tapageur, mais le ramage n’a rien d’enivrant.
Une mécanique hybride connue
Un constat on ne peut plus vrai avec la motorisation PHEV 225 ch, qui associe le 4-cylindres essence 1.6 PureTech, en place depuis maintenant plusieurs années, à un moteur électrique. Le bloc thermique est toujours aussi placide et aphone qu’au premier jour, tandis que la boîte automatique à 8 rapports qui est accolée à l’ensemble est douce et discrète en conduite coulée mais lente dès qu’on la brusque ou quand on essaye de jouer avec les palettes au volant. Bon point en revanche, la consommation relevée sur près de 200 km lors de l’essai sur parcours mixte s’est stabilisée à 6,9 l/100 km malgré quelques phases de conduites à rythme soutenu. La batterie de 12,4 kWh promet 62 km d’autonomie tout électrique sur le papier, mais dans la vraie vie, comptez plutôt sur une quarantaine de kilomètres en usant du mode B de la boîte, qui force la récupération d’énergie lors des décélérations. A titre d’exemple, nous avons pris la voiture avec une batterie chargée à 100 % et l’ordinateur de bord n’affichait que 40 km d’autonomie.
Pour qui veut absolument rouler en hybride rechargeable (pertinent si votre utilisation comporte beaucoup de ville au quotidien et quelques grands trajets par an) plutôt qu’avec le 3-cylindres essence PureTech 130 ch, il n’y a en revanche que peu d’intérêt de se tourner vers la version 225 ch, alors qu’une déclinaison 180 ch existe aussi au catalogue. Cette dernière est à peine moins performante car le couple cumulé est de 360 Nm pour les deux versions (0 à 100 km/h annoncé en 8,1 s au lieu de 7,8 s, c’est imperceptible), elle conserve la même taille de batterie, mais permet surtout d’économiser 1 900 € à l’achat, à finition équivalente. A regarder de près au moment de faire son choix !
Un habitacle au cordeau
Et pourquoi pas, par la même occasion, se faire plaisir avec une configuration sympathique. Car c’est bien l’habitacle de votre auto que vous verrez le plus souvent, et Peugeot à pris soin de faire en sorte que l’on s’y sente bien. La qualité de finition et les matériaux employés, en tout cas sur la finition GT sur laquelle nous avons mis la main, n’ont vraiment rien à envier aux constructeurs allemands. Les assemblages sont au cordeau, les mains ne se posent que rarement sur du plastique dur (sauf en partie basse), la présentation générale (très proche de celle de la 308) flatte l’œil… Bref, du tout bon. L’ergonomie se cherche un peu, avec beaucoup de fonctions qui demandent à passer par l’écran tactile dont les menus ne sont pas les plus logiquement imbriqués les uns dans les autres, mais l’on finit par s’y faire. Détail très malin de la part de Peugeot, la 408 dispose d’une touche physique de raccourcis qui amène au menu des aides à la conduite. Cette dernière est paramétrable pour que d’une simple pression de 3 secondes, on puisse désactiver d’un seul coup plusieurs aides à la conduite non désirées et qui se réactivent automatiquement à chaque démarrage. Il suffit donc de paramétrer une fois la touche pour qu’elle active ou désactive les fonctions voulues, puis d’une pression longue après chaque redémarrage pour ne plus en entendre parler. Belle initiative !
Qui dit berline dit habitabilité, et Peugeot ne s’y est pas trompé. La place allouée aux passagers arrière est généreuse, notamment pour les jambes. D’autant que la banquette 2/3-1/3 est bien rembourrée avec des assises et dossiers relativement larges, de sortes que la plupart des gabarits y seront à l’aise, alors que la vaste majorité des sièges auto rentreront aussi sans problème. Idem au niveau du coffre, qui bénéficie d’un large hayon facilitant grandement son chargement. Peugeot annonce entre 454 et 471 l pour les version hybrides, selon que l’on opte pour la sono Focal et son caisson de basse, et carrément de 508 à 536 l pour la motorisation thermique. Des valeurs impressionnantes puisqu’à titre de comparaison, le SUV 3008 revendique 520 l.
Le prix de l’originalité
Le vrai atout de la 408, c’est le vent de fraicheur qu’elle amène dans la gamme Peugeot. Tentant de contenter ceux qui commencent à la fois à se lasser du SUV sans pour autant vouloir se tourner vers une 308 SW bien plus classique, elle veut convaincre avec un physique atypique. Mais une fois l’effet nouveauté consumé, que restera-t-il de cette silhouette un peu surélevée qui risque de faire des émules chez d’autres marques, et ainsi noyer le poisson ? Il y a probablement une carte à jouer maintenant, mais bien malin est celui qui pourra prédire que la 408 sera une valeur sûre dans quelques années. Surtout qu’elle a pour elle une belle qualité de finition (comme toutes les Peugeot récentes), mais que sa conduite ne procure aucune sensation qui la place favorite auprès d’un public qui cherche plus qu’un déplaçoire efficace d’un point A à un point B. Une 508, berline ou break reste pour ça un choix plus avisé, d’autant que son trait moins torturé remporte bien plus facilement les suffrages. Objet difficile à classer, la 408 a de vraies qualités à faire valoir mais n’allume pas la flamme qui fait qu’on la voudrait elle, à tout prix, plutôt qu’une autre. Car de prix il va falloir parler, le ticket d’entrée s’affichant tout de même à 37 350 € avec le moteur essence de 130 ch et 45 450 € en hybride rechargeable 180 ch. Et pour notre modèle d’essai hybride rechargeable 225 en finition GT, c’est même 51 400 € avant options qu’il va falloir débourser !
A vouloir réinventer la berline en 2022, Peugeot tente des choses qui n’ont pas de véritable justification technique, préférant miser sur le marketing et l’effet de mode pour séduire. Car à bien y réfléchir, il n’y a absolument rien qu’une berline « classique », plus basse mais avec la même silhouette et la même habitabilité, ferait moins bien. Il se pourrait même qu’elle se montre plus plaisante à conduire et plus efficiente car plus aérodynamique. Joli paradoxe que cette 408, donc, et il ne reste plus qu’à voir si la clientèle sera au rendez-vous !
Merci aux copains Marie Lizak (Une Fille Au Volant) et Tobias André (French Driver) pour leur bonne humeur et leur aide sur les images dynamiques.