C’est sur le circuit Paul Ricard au Castellet qu’Audi nous a invités pour célébrer les 90 ans de la marque. Mais l’anniversaire de la réunion des 4 anneaux fut aussi le prétexte pour rappeler à tous, notamment aux trois du fond qui auraient oublié, qu’Audi rime avec…
En 2007, Audi se hissait au niveau de marques prestigieuses telles que Porsche, Ferrari et McLaren en lançant un coupé 2 places qu’est la R8. Huit ans et 27 000 unités plus tard, la marque aux Anneaux commercialise la deuxième génération de son modèle recevant une allure plus agressive et des technologies à la pointe, mais conservant le meilleur : son V10 5,2 l FSI atmosphérique.
En tant que fondateur d’Abcmoteur, je suis particulièrement heureux et fier de vous présenter le premier essai routier d’une supercar sur le blog. Pendant deux jours, j’ai été au volant de la nouvelle R8 V10 Plus de 610 ch dans le sud de la France, plus précisément aux alentours de Valence, pour tester l’Allemande au quotidien. J’ai pu rencontrer presque toutes les conditions de roulage possibles au cours de cet essai exceptionnel à découvrir dans la suite !…
Une R8 sérieusement aiguisée
En observant cette silhouette large et basse qui nous est familière, la R8 n’aura pas de mal à être reconnue. Les pouces levés, coups de klaxon et enfants courant après elle témoignent de la popularité du modèle. Pourtant, de nombreux changements ont été opérés par les designers d’Audi qui ont abandonné les formes arrondies, en échange de traits tirés à la règle !
La calandre Singleframe aux coins désormais biseautés occupe toujours toute la hauteur du museau de la bête. La grille n’est plus composée de barrettes verticales, mais de petites alvéoles tel un nid d’abeille. Aux extrémités, les entrées d’air sont du genre menaçantes avec leurs deux ailettes légèrement inclinées venant s’aligner avec les optiques acérées à led et laser…
Le profil, qui est sans doute ma partie préférée, demeure le plus fidèle à ce que l’on connaissait. La porte creusée pour amener de l’air frais au moteur semble identique, tandis que le Sideblade, ici en carbone noir, est maintenant en deux parties et me plaît davantage. Les jantes de 19 pouces à 5 branches doubles (finition titane mat, polies brillant) lui correspondent bien.
La partie la plus intimidante est sans conteste la poupe ! A l’opposée de la face avant pouvant paraître pas assez virulente, l’arrière paraîtrait presque surdimensionné ! Les feux s’étirent sur les deux ouïes laissant apercevoir quelques éléments de la mécanique, comme pour renforcer le côté bestial. A cela, il faut ajouter l’aileron, le diffuseur conséquent, ainsi que les deux sorties d’échappement rectangulaires.
Vous êtes maître à son bord
Si le changement est perceptible à l’extérieur, l’intérieur change pour le coup complètement ! Oubliez la planche de bord massive, les compteurs à aiguilles et les nombreux boutons. Audi a nettement simplifié la présentation en rassemblant toutes les fonctions devant le conducteur, dans la lignée du dernier TT (lire notre essai).
Les boutons inférieurs du volant rappellent la Ferrari 458 Italia, mais la R8 garde ses commodos pour les clignotants, essuie-glace, … Derrière, le tableau de bord entièrement digital baptisé « virtual cockpit » – qui se généralise chez Audi – prend place. C’est grâce à celui-ci que l’on obtient aussi la navigation, la caméra de recul, … et toutes les autres fonctions de l’ordinateur de bord. Par conséquent, on constate que de la place a été libérée au centre. Les boutons de l’air conditionné n’ont pas disparu afin d’y avoir accès le plus facilement possible. Ils sont maintenant très esthétiques.
L’écran de 12,3 pouces est unique sur le segment. Il faut un peu de temps pour naviguer aisément à travers les menus
Sur le tunnel de transmission partiellement recouvert d’un insert en carbone, la boîte de vitesse S tronic est à portée de main, tout comme les commandes de l’ordinateur de bord – également présentes sur le volant – qui peuvent être utilisées par le conducteur, comme le passager qui sont installés dans les sièges Sport.
La qualité de finition est soignée, mais n’a pas créé chez moi l’effet « waouh » comme lorsque j’avais découvert le TT. Peut-être que je m’habitue aux intérieurs Audi…
Rouler au quotidien en Audi R8, chiche ?
Passons maintenant au plus intéressant : la conduite ! L’attente interminable est sur le point de prendre fin lorsque j’aperçois sur le parking de la gare TGV de Valence plusieurs R8 alignées. La pluie tombe intensément, mais l’exemplaire en Bleu Ara cristal me fait sérieusement de l’œil ! C’est donc les clefs de cette livrée que je récupère avec mon binôme qui me laisse le privilège de commencer l’essai derrière le volant !
Premier détail qui a son importance : il faut changer ses habitudes en matière de chargement. En effet, le coffre placé à l’avant de la R8 est loin d’être gigantesque puisqu’il embarque seulement 112 litres. Deux sacs à dos peuvent tenir, mais certainement pas une valise cabine ! En descendant dans l’habitacle, on note tout de même un espace entre les sièges et le compartiment moteur. De quoi y placer quelques petits bagages et venir accrocher son blouson sur le porte-manteau.
Avant de presser le bouton de mise en route, je règle électriquement le siège, tandis que le volant a encore le droit à un réglage manuel. Plutôt qu’écrire « mise en route », il serait plus adapté pour la R8 de parler de « mise à feu » tant le réveil des dix cylindres se fait entendre les premières secondes suivant le démarrage (voir la vidéo en fin d’article) ! Heureusement, la sortie du parking se fait sans encombre et en douceur, car autant vous dire que lorsque vous manœuvrez plus de 200 000 €, vous retenez votre respiration !
La chaussée étant complètement trempée, les premiers kilomètres en agglomération se font avec un œuf sous le pied, la boîte en automatique et le mode de conduite confort. L’accélérateur se montre sensible et une pression de 20 % sur celui-ci suffit déjà à déposer 99 % de la production automobile que je vais rencontrer. La direction (à crémaillère avec assistance hydraulique) suffisamment ferme, précise et sans temps mort permet de placer l’auto avec grande facilité. Son gabarit est complètement oublié et l’on se sent tellement rapidement à l’aise que l’on pourrait se croire à bord d’un gros TT…
C’est qu’à partir de la fin de la matinée du lendemain que le bitume sèche, de quoi s’autoriser une conduite plus dynamique et cela tombe bien puisque nous nous dirigeons vers des routes peu fréquentées et quelques cols. L’envie d’atteindre la butée de la pédale de droite pour obtenir un aperçu des 610 ch (à 8 520 tr/min) et 560 Nm de couple (à 6 500 tr/min) me démangeait, encore faut-il trouver une ligne droite adéquate ! L’accélération (0 à 100 km/h en 3,2 s) vous plaque contre le dossier tout en passant les rapports dans un laps de temps très court ! Arrivé en 3ème, vous perdez déjà le permis (0 à 200 km/h en 9,9 s) ! La sonorité du V10 et la motricité sans faille de la transmission quattro (jusqu’à 100 % d’un essieu à un autre) rend addict à ce jeu !
Dans le sinueux, le châssis (40 % plus rigide et 15 % plus léger) fait des merveilles avec le moteur en position centrale arrière. Lorsque je regarde les vitesses de passage en courbe, et même lors de virages plus serrés, je me surprends à constater qu’elles sont bien au-dessus de ce que je pensais. La facilité à emmener le coupé y étant pour beaucoup… Le poids à vide est contenu à 1 555 kg, tandis que le freinage assuré par des disques céramiques se montre diabolique d’efficacité tout en restant aisément dosable ! Le drive select positionné sur « dynamic », la suspension magnetic ride se rigidifie, tout comme le volant, et l’accélérateur devient plus réactif, sans oublier l’échappement sport qui se met à crépiter au lever de pied !
Ne pensez pas qu’un col fasse trembler la R8 et son grand gabarit. Elle ressort de chaque virage comme une bombe !
La boîte à double embrayage S tronic 7 n’est pas loin de la perfection en mode S tant elle réagit promptement aussi bien à l’attaque que lorsque le rythme se calme. En mode manuel, je regrette de ne pas être gratifié d’une décharge au passage d’un rapport supérieur, alors qu’un à-coup, peu agréable, se fait presque systématiquement sentir au rétrogradage. Un bémol vite oublié tant le modèle le plus rapide d’Ingolstadt se montre polyvalent et s’approche de près du sans faute après ces deux jours mémorables à son volant !…
Vous devez patienter ? Pas de problème, la nouvelle R8 en profitera pour mettre le moteur en roue libre ou désactiver une partie des cylindres
En tirant dans le V10 5,2 l FSI, la consommation moyenne affichée est de 18,8 l/100 km. C’est loin d’être affolant au regard de la cavalerie !
Comme souvent chez Audi, « tout est trop facile ». Comprenez par là qu’il peut être un peu frustrant pour certains de voir que l’auto demande si peu d’effort à être menée à bon rythme, soit tout l’inverse d’une Alfa Romeo 4C (lire notre essai). Pour autant, j’ai conscience que la voiture ne m’a pas encore tout dévoilé. Les conditions ne permettaient pas de la découvrir dans sa totalité, un détour par un circuit serait tout indiqué pour savoir ce qu’elle a dans le ventre. D’autant plus que la précédente R8 V10 Plus m’avait surpris par son comportement sur le Bugatti !
Ce qu’il faut en retenir
Les plus | Les moins | ||
– le V10 atmosphérique (de plus en plus rare !) – la polyvalence – la boîte très rapide – la motricité et la facilité de conduire vite… |
– … qui peut aussi frustrer – boîte trop lisse en mode sport et des à-coups de transmission en manuel |
Modèle essayé | Prix (hors options) | |
Audi R8 V10 Plus BVA7 | 199 000 € | |
Modèles concurrents | Prix (hors options) | |
Lamborghini Huracan V10 5,2 l 610 ch – 203 400 € | ||
Ferrari 488 GTB V8 670 ch – 209 240 € | ||
McLaren 570S V8 570 ch – 183 250 € |
Et aussi : Porsche 911 Turbo S, Nissan GT-R Nismo, …
L’essai vidéo
Ce bel essai s’apprécie aussi en vidéo ! Je vous livre mon ressenti à chaud en compagnie de l’ami Yvan d’Automotive Press :
Merci à Guillaume de W3sh pour le départ arrêté de l’Audi R8 blanche.
Votre supercar pour tous les jours ?
La précédente R8 avait fait ses preuves, la nouvelle enfonce le clou en améliorant sa copie comme j’ai pu le constater sur plusieurs centaines de kilomètres. Facile d’accès, performante et grisante, la supercar des Anneaux séduira les clients du segment ne souhaitant pas verser dans l’exubérance que Ferrari et Lamborghini représentent.
En revanche, pour ceux qui hésitent, l’inflation du tarif de l’Allemande pourrait peser dans la balance. Pouvant être acquise contre un chèque de 199 000 € (contre 174 500 € pour la génération précédente), l’Audi R8 II V10 Plus se place en face de la Lamborghini Huracan (610 ch / 203 400 €) utilisant la même mécanique, au-dessus de la McLaren 570S (570 ch / 183 250 €) accusant un déficit de 40 ch et n’est pas très éloignée de la Ferrari 488 GTB (670 ch / 209 240 €) offrant 60 équidés de plus…
Fiche technique Audi R8 II V10 Plus 5,2 l FSI 610 ch S tronic 7
Informations générales |
|
Commercialisation | 22 octobre 2015 |
Pays | Allemagne |
Carburant/énergie | essence |
Prix du neuf | 199 000 € |
Mécanique | |
Cylindrée | dix-cylindres 5,2 l atmosphérique |
Puissance | 610 ch à 8 520 tours/min |
Couple | 560 Nm à 6 500 tours/min |
Transmission | intégrale (4×4) |
Performances | |
Vitesse max | 330 km/h |
0 à 100 km/h | 3,2 s |
Consommation | cycle mixte : 12,3 l aux 100 km |
Rejets de CO2 | 287 g/km |
Poids et mesures | |
Poids à vide | 1 555 kg |
Dimensions | L : 4,42 m / l : 1,94 m / h : 1,24 m |
Réservoir | 73 litres |
Volume de coffre | 112 litres |
Pneumatique AV/AR | 245/35 R19 – 295/35 R19 |
Equipements Audi R8 V10 Plus
> En série :
- EDS : blocage électronique de différentiel
- Système de navigation avec carte en modèle de terrain 3D
- Clignotants à led à affichage dynamique
- Radars de stationnement avant et arrière
- Connexion à internet
- Système audio Bang & Olufsen 550 watts avec 13 haut-parleurs
- Différents éléments en carbone
- Freins céramiques
- Jantes 19 pouces
- Sellerie en cuir Nappa, sièges baquets ou sièges Sport
- Volant Performance R8 en cuir multifonction et 4 satellites de commande
> En option :
- Sortie d’échappement Sport : 2 230 €
- Audi parking system avec camera de recul : 730 €
- Amortissement adaptatif Audi magnetic ride : 2 110 €
- Direction dynamique : 1 640 €
- Phares à led avec éclairage laser Audi : 3 960 €
Très belle vidéo ?
Merci 🙂
Très beau reportage et très bel essai Adrien, j’ai particulièrement apprécié la vidéo qui permet de se faire une idée assez précise de la bête.
En pleine période du paiement de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux corolaires, des taxes foncières et de tout le tintouin automnal, difficile de s’imaginer sortir le carnet pour rédiger un chèque de 200 k €, ce, sans les menus options et le pourboire au commercial qui vont de soit, of course…
Comme vous le précisez à la fin, finalement pour peu ou prou le même ticket (# max de +/- 15%) on peut choisir, outre cette R8, entre trois autres concurrentes aux blasons autrement plus prestigieux… Dans cette sphère élitiste là, on parle à minima de seconde voiture et à ce niveau de prix qu’elles peuvent bien être les différence qui peuvent emporter la faveur d’un acheteur pour l’Audi ?
– La discrétion ?
Elle est toute relative et quand bien même pour une super car en seconde voiture je ne vois pas vraiment l’intérêt qu’il y aurait à se fondre dans le trafic à son bord…
– Le fait de conserver le même concessionnaire pour sa flotte ?
Cette notion bassement comptable ne me parait pas relever de la passion qui doit s’imposer devant un tel choix.
– Le fait qu’il y en ait quelques unes qui roulent ?
Aaarf, Idem
– Sa facilité d’accès ?
Là encore, il me semble que quand on choisit un engin d’une tonne et demie qui développe 600 chevaux, on veut qu’il puisse arracher le bitume à l’enfoncement de la pédale de droite, et pouvoir le montrer voir impressionner son auditoire sinon sa cour, les reste est au second plan…
– Son efficience, sa fiabilité, le quattro ?
Tout cela s’efface à ce niveau de performances, qui du reste, restent à prouver…
Elle est certes plutôt bien finie cette R8 et je trouve son cockpit particulièrement soigné et réussi, mais face aux trois marques de légende que vous citez, je pense que je n’aurai pas une seconde d’hésitation, sauf bien sûr, das le cas improbable où mon garage regorge déjà des trois autres bijoux…
Et puis sa ligne que je qualifierai grossièrement d’intermédiaire entre une Veyron et une Beetle via une TT, et bien qu’elle se soit bonifiée, ne m’a jamais fait véritablement craquer…
Bon, je casse, je casse facile, mais j’ai une circonstance atténuante, ce rêve là me paraissant tout bonnement inaccessible, d’autant que je ne joue pas au loto.
Du coup, jem’ tâte….
Hello Marc, oui je crois que ce ne sont pas les critères habituels qui permettent de faire son choix sur ce segment très haut de gamme comme vous l’avez justement souligné.
Il suffit qu’un ami vous fasse essayer son R8 pour vous faire craquer ou bien que dans vos relations une Ferrari soit mieux vue, etc…
Je rajoute qu’il faudra peut-être même gagner plusieurs fois au loto, car après l’achat, il faut ajouter l’assurance, l’entretien, le carburant, … 😉
Et merci pour le compliment !