C’est sur le circuit Paul Ricard au Castellet qu’Audi nous a invités pour célébrer les 90 ans de la marque. Mais l’anniversaire de la réunion des 4 anneaux fut aussi le prétexte pour rappeler à tous, notamment aux trois du fond qui auraient oublié, qu’Audi rime avec…
Le groupe Fiat, dont Alfa Romeo fait partie, souhaite faire monter en gamme significativement la marque au biscione (serpent, en italien). Pour cela, et aussi pour renouer avec son passé sportif, Alfa Romeo a conçu en l’espace de seulement 24 mois une voiture de rêve pour les passionnés.
Appelé « 4C », ce coupé sportif compact se distingue en de nombreux points par rapport la concurrence. Deux jours d’essai sur route et sur piste sont l’occasion de se faire une idée de la dernière-née de la firme de Turin.
Elégance et charme à l’italienne
Rares sont les constructeurs automobiles pouvant prétendre d’avoir su conserver un style intact, fort et immédiatement reconnaissable à travers les décennies. Alfa Romeo a toujours mis au centre de ses préoccupations le design de ses autos. Une étape cruciale lors de la conception, puisque 70 % de ses acheteurs mettent ce critère en premier lors de l’achat. Avec la nouvelle 4C, la marque s’inspire de la 33 Stradale de 1967 pour un résultat tout simplement splendide !
L’Alfa Romeo a reçu de nombreux prix dont celui largement mérité de voiture la plus belle de l’année 2013
La carrosserie utilisant des matériaux composites est 20 % moins lourde par rapport à de l’acier traditionnel
Pour dessiner la 4C, c’est le Centro Stile Alfa Romeo et les ingénieurs de la marque qui ont collaboré dans le but de maximiser dynamisme, aérodynamisme et légèreté
Mesurant moins de 4 m de long (3,99 m), 1,86 m de large et 1,18 m de haut, la biplace possède un gabarit réduit affichant un rapport hauteur/largeur très favorable ne laissant planer aucun doute sur sa vocation sportive. D’ailleurs, lors du premier contact en réel avec l’Italienne, on est surpris de la trouver aussi large !
Les projecteurs sont atypiques (ici, avec finition carbone à 1 200 €) , mais très rapidement on l’associe à la personnalité de la voiture
De face, on retrouve la traditionnelle calandre en V dont les nervures courent jusqu’au pare-prise, deux larges bouches d’aération et les fameux phares au dessin squelettique qui ont tant fait parler d’eux. En la regardant de profil, on découvre des lignes plus musclées avec ce trait parcourant la portière pour aller former une prise d’air latérale afin de refroidir le moteur en position centrale arrière. Enfin, pour la poupe, ce sont deux optiques rondes de part et d’autre qui façonnent l’identité du bolide. Une forme rappelant la 8C et l’univers de la course. En-dessous deux sorties d’échappement gauche/droite viennent se loger dans un diffuseur très aéré.
Un intérieur sans superflu
Une fois dans l’habitacle de la 4C, c’est la surprise ! Ici, point de raffinement avec une planche de bord recouverte de cuir et toute une multitude d’équipements. Clairement pensée pour un poids le plus faible possible, la bombinette propose le strict minimum à bord (la climatisation manuelle et la radio/navigation Parrot sont des options gratuites) sans pour autant renier ses gènes de pistarde !
Ainsi, lorsque l’on pénètre à l’intérieur, on remarque immédiatement la coque en fibre de carbone apparente au niveau du seuil de porte. Puis, on prend place dans des sièges sport très fins en cuir (+ 1 700 €) et surtout situés très près du sol ! Une petite vitre derrière les appuie-têtes permet d’entrapercevoir le moteur. Le conducteur peut s’ajuster par rapport au pédalier tout en aluminium dont toute la structure est visible et au petit volant à méplat, avec de petites palettes solidaires, qui aurait mérité d’être à trois branches et légèrement moins grand.
En somme, nous avons là une vraie invitation au pilotage !
Des sensations hors pair !
Essai routier
Contact : un large écran digital s’illumine sur le tableau de bord. Un compte-tour virtuel apparaît et en son centre s’affiche le rapport engagé et la vitesse. Le moteur turbo 1,7 l TBI de 240 ch se met en route après un tour de clef, tandis que le bruit de l’échappement – ici dans sa version Racing (+ 500 €) – envahit l’habitacle où l’insonorisation est restreinte. Première enclenchée à l’aide de l’un des quatre boutons – et non pas d’un levier – de la boîte de vitesse, la voiture s’élance accompagnée par la sonorité spécifique du quatre-cylindres essence suralimenté. Les premiers tours de roue sont un moment unique avec cette position très basse, les jambes allongées sur les pédales au ressenti inhabituel et la direction dépourvue d’assistance. Un coup d’œil dans les rétroviseurs donne, à l’extérieur une vue sur les impressionnantes ouïes latérales et, à l’intérieur sur la mécanique, ainsi qu’une petite portion de la route se trouvant derrière soi.
Dans le milieu urbain où débute l’essai de la 4C, la prise en main est assez rapide. Le maniement de l’auto ne pose pas de problème particulier, hormis la garde au sol réduite transformant les ralentisseurs en franchissement et le stationnement où le radar de recul (+ 500 €) sera une aide précieuse dans cet exercice périlleux.
Sur le réseau secondaire et de préférence sinueux, terrain de prédilection de la 4C en-dehors des circuits, la biplace est réellement bouleversante ! Avec son architecture ultra-légère (coque en fibre de carbone de 65 kg, châssis en aluminium et carrosserie en matériaux composites) de 895 kg, la moindre pression sur la pédale d’accélérateur offre son lot de frissons ! L’effleurer donne lieu à une poussée violente immédiate et ininterrompue, le tout dans un concert totalement jouissif entre l’échappement, le moteur, le turbo et l’admission ! Pourtant habitué à la vitesse et aux fortes poussées en tant que motard, l’accélération m’a littéralement secoué, c’est pour dire la violence de l’engin ! Le tout est accentué par la position de conduite très près du bitume donnant autant de sensations que dans une sportive « classique » avec 30 – 50 km/h de moins.
Même sur les aspérités, la 4C maintient un niveau de confort qui reste soutenable, une bonne surprise au regard de la radicalité de l’ensemble
Au niveau du comportement, le coupé présente une tenue de route très sûre avec ses quatre roues aux quatre coins de la carrosserie. Son poids plume, sa transmission et moteur arrière, l’électronique, ainsi que sa répartition des masses à 40/60 lui assurent une motricité exemplaire malgré les 350 Nm de couple disponibles de 2 200 à 4 250 tr/min. La chaussée trempée ne facilitant pas la tâche. La boîte automatique TCT à double-embrayage et carter sec a été reprogrammée spécifiquement pour la 4C. Selon le mode choisi sur le DNA – spécialité Alfa Romeo permettant d’influencer les logiques de fonctionnement des systèmes électroniques selon la conduite – allant de All weather (docile et prudent), Natural (équilibré et performant), Dynamic (nerveux et agressif) à Race (aides électroniques désactivées et launch control, à réserver au circuit), la boîte répond différemment. Le passage des rapports est très rapide (130 ms) et peut être brutal afin de renforcer le plaisir du pilote ou plus doux selon le mode sélectionné sur le DNA et la pression sur la pédale des gaz. En courbe, les vitesses se passent sans à-coup pour ne pas déséquilibrer la voiture.
Néanmoins, à haute vitesse la 4C demande une certaine implication de la personne se trouvant derrière son volant. En effet, la direction assez directe suit la route tout en demandant des corrections en permanence, même en rythme de croisière. Ainsi, lorsque l’on hausse le ton, il devient presque difficile de tenir sur sa voie de droite. L’Italienne demande beaucoup de concentration à l’attaque, mais bénéficie d’un système de freinage (disques autoventilés percés de 305 mm à l’AV avec étrier fixe à 4 pistons Brembo) ultra-performant.
Grâce à la petite cylindrée et au confort d’un bon niveau au regard des prétentions du coupé, l’Alfa Romeo 4C peut permettre de rouler tranquillement (régulateur de vitesse à 250 €) sur le sixième rapport sur plusieurs centaines de kilomètres avec une consommation comprise entre 7 et 8 l/100 km. Seuls, la direction, le bruit et le petit réservoir (40 l) brideront les puristes sur de longues escapades.
Essai sur circuit
La piste, voici bien sûr le lieu idéal pour tester dans ses derniers retranchements le nouveau pur-sang du biscione ! Pour cela, rendez-vous sur le circuit du Nogaro dans le sud ouest de la France. Malheureusement pour nous, tout comme pour le roulage sur départementales, l’asphalte est très humide et glissante les rares instants où il ne pleut pas.
Par conséquent, il fut pas aisé de vérifier dans sa totalité les capacités de la 4C sur ce tracé très exigent. Cependant, ces quelques tours sur le Paul Armagnac (3,36 km) permettent de se rendre compte de plusieurs choses. Tout d’abord, la prise en main nécessite un peu plus de temps que sur des sportives moins radicales. Ici, les pédales de frein et d’accélérateur doivent être apprivoisées pour être maniées en douceur et de façon progressive. Sans cela il sera bien difficile d’obtenir un pilotage propre sur cette piste offrant que très peu d’adhérence en raison des conditions météorologiques.
Le différentiel électronique Q2 (il n’y a pas d’autobloquant mécanique) assure bien son rôle en sortie de virage
Une fois que l’on commence à faire corps avec la machine, on apprécie énormément la masse contenue autours des 900 kg, la maniabilité – les reproches faits sur la direction s’évanouissant sur circuit – et l’efficacité du freinage, sans oublier l’aspect sonore très gratifiant. Le moteur issu de la Giulietta QV (lire notre essai) et retravaillé au passage marche très fort avec un rapport poids/puissance de 3,85 kg/ch. Il peut atteindre 258 km/h en Vmax, tandis que le 0 à 100 km/h est abattu en 4,5 s, soit 0,2 s de mieux qu’un Porsche Cayman S avec le Pack Sport Chrono (325 ch – 1 350 kg).
L’Alfa Romeo 4C à l’essai en vidéo
Vues extérieures, de l’habitacle, sonorité à l’échappement, ainsi que conduite sur route et circuit (en compagnie de Romain de BlogAutomobile) :
Que faut-il en retenir ?
Les plus | Les moins | ||
– futur collector, ligne irrésistible – sensations au rendez-vous – le poids et les performances – la sonorité prononcée et spécifique – prix, modèle sans équivalent |
– la direction instable pénible à la longue – l’absence de boîte manuelle – le volant pas franchement joli |
Modèle essayé | Prix | |
Alfa Romeo 4C | 51 900 € | |
Modèles concurrents | Prix | |
Lotus Elise S 220 ch – 48 010 € | ||
Porsche Cayman S PDK 325 ch – 65 828 € |
Le retour d’Alfa Romeo dans le monde des sportives
Avec la 4C, Alfa Romeo fait son retour parmi les petites berlinettes et cela avec brio ! Tous les ingrédients sont présents dans ce coupé deux places au design remportant le sans faute et n’hésitant pas à faire parler la poudre. Très attachante, l’Italienne a réussi son coup avec des carnets de commande remplis pour plus d’un an (production limitée à 3 500 exemplaires/an). Son prix de base à 51 900 € (+ 2 200 € de malus) est très bien placé au regard des technologies et matériaux utilisés.
Sans véritable concurrence, mis à part une Lotus Elise S moins onéreuse et exclusive, l’Alfa Romeo 4C est prometteuse pour les futurs modèles de la gamme du constructeur. Ce dernier annonçant pour les années à venir un retour à la propulsion, au plaisir de conduire et au haut de gamme…
A noter qu’à la fin de l’année 2014 arrivera une version spider qui perdra donc son toit fixe. Il y a fort à parier qu’elle trouvera sans mal ses futurs propriétaires…
Fiche technique Alfa Romeo 4C 1750 TBI 240 TCT Standard Edition
Informations générales |
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Commercialisation | octobre 2013 |
Pays | Italie |
Carburant/énergie | Essence |
Prix du neuf | 51 900 € |
Mécanique | |
Cylindrée | quatre-cylindres 1,7 l turbo |
Puissance | 240 ch à 6 000 tours/min |
Couple | 350 Nm à 2 200 tours/min, jusqu’à 4 250 tours/min |
Transmission | arrière (propulsion) |
Performances | |
Vitesse max | 258 km/h |
0 à 100 km/h | 4,5 s |
Consommation | cycle mixte : 6,8 l aux 100 km – cycle urbain : 9,8 l – cycle extra-urbain : 5,0 l |
Rejets de CO2 | 157 g/km |
Autonomie | 588 km (sur la base du cycle mixte) |
Poids et mesures | |
Poids à vide | 895 kg |
Dimensions | L : 3,99 m / l : 1,86 m / h : 1,18 m |
Réservoir | 40 litres |
Volume de coffre | 110 litres |
Pneumatique AV/AR | 205/45 R17 – 235/40 R18 |
Direction instable oui (vu l’architecture, comment pourrait-il en être autrement ) mais imprécise: évidemment pas !
Mais comment pouvez-vous confondre ces 2 notions ?
Bonjour,
oui, la nuance est fine, mais vous avez raison. Je rectifie. 😉