En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
GTI, ou «Grand Tourisme Injection ». Trois lettres assurément mythiques, lancées par la Volkswagen Golf du même nom en 1976. Les ingrédients ? Légèreté, simplicité, plaisir de conduite et polyvalence. Une recette réinterprétée avec brio par Peugeot en 1984 sur son « Sacré Numéro » de 205. Après un retour en demi-teinte sur la 308 en 2010, les trois lettres sont revenues sur la 208 en 2013.
Elle se veut alors la digne héritière de la 205, deux modèles qui ont eu la mission de redresser une marque en détresse. Après l’essai de Vincent au Col de Vence, Abcmoteur a eu envie de redécouvrir la petite bombinette du Lion, notamment au quotidien. Alors, mérite-t-elle de porter ce blason ?
Une cote de popularité au sommet
Un oncle nostalgique de sa 205 GTi, un propriétaire de parking souterrain, un distributeur Peugeot, vous connaissez forcément quelqu’un qui a côtoyé un jour ou l’autre le mythe GTi à la française. Ici, GTi ne rime pas avec clinquant, cette 208 un peu spéciale ne veut pas se la jouer vulgaire.
Vous retrouverez alors le logo – modernisé – joliment mis en scène sur les montants de custode arrière, pour mieux rappeler son ancêtre. On la distinguera aussi par une calandre à damiers chromés et lame inférieure rouge , de superbes optiques à guide de lumière, clignotants et feux de jours à Leds, des jantes 17’ – ici bicolores –, des étriers de frein rouges, un discret aileron et une jupe arrière noire qui accueille une double sortie d’échappement trapézoïdale.
Les bas de caisse et élargisseurs d’ailes finissent alors de sculpter la 208 avec ses superbes renflements de caisse traduisant l’allègement (3 portes uniquement). Ceux qui trouvent la 208 trop discrète seront comblés, mais les amateurs de « bling-bling » iront voir ailleurs. Une bonne dose d’élégance saupoudrée de quelques notes de sportivité, l’équipe Abcmoteur est séduite !
En rouge et noir…
Non, nous n’irons pas plus loin dans les paroles de la bien connue chanson de Jeanne Mas… Seulement, en ouvrant la porte de la voiture, vous constaterez le mariage constant de ces deux couleurs. D’un goût un peu limite sur les enjoliveurs de poignées de porte et d’aérateurs centraux en dégradé, les sièges tissu-cuir bénéficient pleinement de cette union.
Le rouge « GTi » se retrouve aussi dans l’entourage des compteurs, sur le volant et la boite de vitesses, et comble du chic, sur les ceintures et les surpiqûres parcourant planche de bord et sièges.
Une fois installé au volant, nous retrouvons le concept « i-cockpit » cher à la marque depuis quelques années. Compteurs placés en hauteur, petit volant ici siglé GTi, à jante épaisse en cuir pleine fleur et méplat, cette architecture de conduite a ses adeptes et ses détracteurs… Dans mon cas, j’ai l’habitude de conduire assis bas et le volant assez bas également : aucun problème de vision des compteurs.
A l’arrière, l’espace réservé aux occupants est correct, même si la garde au toit peut être un peu juste sur cette version 3 portes
Un intérieur bien dessiné, rehaussé par le pédalier en alu, et où trône l’écran tactile – nous sommes bien en 2014. Se côtoient des matériaux de qualité honorable (cuir, aluminium, TEP sur la planche de bord) : une ambiance « sport-chic » qui s’accorde alors à l’impression que donnait le design extérieur du véhicule. La voiture semble alors complète et cohérente. Qu’en est-t-il au volant ?
30 ans après, la descendante a-t-elle toujours l’esprit GTI au volant ?
Un coup de clé et le quatre-cylindres 1.6 THP 200 se réveille d’une agréable note grave. Vous avez alors la confirmation d’être au volant d’une 208 pas banale.
Dès les premiers tours de roues, « l’i-cockpit » fait merveille : ce petit volant est alors très souple en manœuvres, semble peu démultiplié et donne une réelle sensation d’agilité, idéale en ville. La boite mécanique dont l’esthétique levier est agréable à prendre en main se révèle pour le coup un peu accrocheuse, alors qu’elle révèle un bon guidage, des débattements assez courts et des verrouillages francs, dommage !
En conditions urbaines, le moteur est doux comme un agneau, reprend avec beaucoup de souplesse dès le ralenti tandis que l’embrayage est de bonne composition – ce qui est un grand progrès chez PSA, où la notion de progressivité était inexistante… Tout juste nous donne-t-il quelques à-coups au lâcher de pied dans les bouchons.
Nous nous retrouvons finalement avec une voiture assez confortable, très agile et maniable, en somme peut-être déjà trop aseptisée pour une GTi ? Tout juste l’entourage rouge des compteurs vous fait de l’œil, la sonorité moteur se fait un peu plus présente qu’à l’accoutumée – ouvrez les fenêtres et tendez l’oreille vers l’échappement aux bas régimes – et la suspension un peu ferme nous indiquent en filigrane le tempérament de l’engin.
Dynamique et agile, la 208 GTI plante ses griffes dans le bitume
Aux premiers virages rencontrés, notre petite bombinette retrouve avec bonheur son terrain de jeu favori. Le moteur, discret jusque-là, fait preuve d’un souffle étonnant à mi-régime (0 à 100 km/h en 6,8 s). Il n’est alors pas trop linéaire et présente plusieurs « paliers de réveil » : à 1 800 tr/min (couple maximum de 275 Nm à 1 700 tr/min), à 2 800 tr/min et à 3 800 tr/min où il respire pleinement, s’essoufflant gentiment à 6 000 tr/min (puissance maximum de 200 ch atteinte à 5 800 tr/min). Finalement, le tempérament moteur se rapproche alors discrètement d’un diesel… On cherche alors davantage le couple que la puissance, un sacré avantage en usage courant, mais qui peut-être frustrant lorsque l’on veut jouer avec les hauts-régimes et la zone rouge à 6 500 tr/min. Une remarque typique de cette récente génération de moteurs essence downsizés (association turbo-cylindrée moindre). Les « youngtimers » pourront remercier la chasse au CO2 et la réduction de la consommation !
Bon, un moteur c’est bien, un châssis c’est mieux ! Or, nous sommes chez Peugeot, le grand spécialiste… Autant dire que le châssis répond au doigt et à l’œil ; regardez la « corde » du virage, d’un léger angle de ce petit volant, la voiture répond sans délai, en parfaite précision du geste. Un bonheur. Ainsi, une fois la ville derrière nous, la direction se raffermit idéalement et ne présente aucune zone morte au niveau du point milieu. De par le siège et le volant, vous faites vraiment corps avec la voiture et ressentez tous les défauts de la route, ce qui inspire une grande sérénité de conduite. Son train avant est d’une précision chirurgicale, gage d’excellents grip et motricité – même sous la pluie – et s’associe à un train arrière très stable.
La voiture se veut alors agile et efficace, mais pas joueuse comme l’était son ancêtre (si vous avez une 205 GTi à présenter à l’équipe Abcmoteur, n’hésitez pas !). Les limites du châssis ne seront pas détectables sur route ouverte… Une stabilité rassurante sur les petites routes à relief de Bourgogne avalées à bon rythme – le train arrière se révélant moyennement suspendu à haute vitesse, et devenant un peu « flou », défaut partagé par les 208 et 308 classiques. Le freinage se veut lui parfait : il présente un très bon mordant, un bon ressenti à la pédale et une endurance qui n’aura pas été prise en défaut.
Connectée, certes…
Après la conduite active, laissons-nous emmener tranquillement sur autoroute… Le moment idéal pour analyser l’infotainment de l’auto ! En premier lieu, le système tactile SMEG ne bénéficie hélas pas des raccourcis des 308 et C4 Picasso : dommage, il est quelque peu fouillis ; et des opérations simples comme appareiller son téléphone en Bluetooth se révèlent compliquées ! De même, la connexion en USB n’est pas irréprochable, de nombreuses coupures interviennent et nous avons eu deux bugs du système en cinq jours ! Comme un iPhone ? Oui, le bonheur des nouvelles technologies…
Le GPS est pour sa part simple et efficace et le rappel des instructions de navigation sur l’ordinateur de bord entre les compteurs est séduisant et pratique au quotidien.
Le système audio de série présente une qualité sonore acceptable, sans plus. Notons tout de même la géniale fonction de répartition sonore « conducteur seul » : les six haut-parleurs travailleront alors de concert pour vous améliorer sensiblement votre écoute. N’hésitez cependant pas à vous offrir le système Hi-Fi JBL pour 410 €. Notons enfin la possibilité « Black Panel » empruntée à Citroën permettant de varier l’intensité lumineuse de tous les affichages de bord jusqu’à ne garder uniquement les compteurs, utile sur autoroute de nuit. Les feux de croisement révèlent alors une efficacité moyenne, alors que les feux de route sont puissants. Petit agacement du quotidien : seule la vitre conducteur a une remontée séquentielle, vous devrez restez appuyé pour la vitre passager. Une économie de bout de chandelle…
Dans GTi, il y a Grand Tourisme.
Sur ce long ruban autoroutier, la voiture est un véritable « rail » ; l’absence, citée plus haut, de zone morte dans la direction se fait apprécier. Les 200 ch associés à une boite très bien étagée (3 100 tr/min à 130) permettent bien sûr des reprises expéditives. Tout juste pourra-t-on reprocher un bourdonnement de l’échappement trop présent à faible accélération constante, notamment lorsque le régulateur de vitesse cherche à maintenir la vitesse dans une côte autoroutière. Ici, le moteur n’a pas à forcer son talent et pourtant il est presque aussi bruyant que si ses ressources étaient pleinement utilisées. Dommage pour une voiture qui se veut – aussi – polyvalente. Des bruits de roulement se font aussi un peu trop entendre, signe d’une insonorisation mise à mal par la réduction de poids (1 160 kg pour la 208 GTi) appliquée à la gamme 208 : les versions diesel sont les premières à en souffrir !
Parlons-en de cette sonorité moteur. Elle est donc trop présente en faible accélération mais pas assez en pleine accélération ! Le moteur n’a en tout cas rien de mélodieux, ce qui est bien dommage vu la sonorité agréable du THP d’origine de 125 (sur la 308 jusqu’à il y a peu) ou 155 ch. Ici, le moteur semble avoir été rendu « bruyant » pour se rapprocher de l’image GTi et rendre la voiture plus vivante ? Dommage (bis) que Peugeot ait alors le « THP boosté » le moins mélodieux du groupe… Il est associé sur les Citroën DS5 et Peugeot RCZ à un synthétiseur de bruit Sound System qui marche à merveille, mais la 208 n’avait pas assez de place dans le compartiment moteur pour l’installer. La cousine DS3 Racing bénéficie alors d’un réel travail sur l’échappement qui vit et respire en s’inspirant des Mini Cooper S/JCW ! (NB : même base moteur en 175 et 218 ch). Peugeot a également réussi à rendre sportive la sonorité de leur nouveau 3 cylindres e-THP avec le Driver Sport Pack sur la 308, ils en sont donc capables ! Ici, le moteur délivre ses plus belles notes graves entre… 1 000 et 2 000 tr/min… comme pour faire remarquer à vos amis que vous roulez dans une « vraie GTI » lorsque vous manœuvrez sur un parking ! Nous nous consolerons finalement lorsque, en pleine accélération, moteur et échappement chaud, nous entendons le léger bruit de sangsue du turbo et la soupape de décharge du turbo au lever de pied.
Parlons consommation : nous avons pu descendre jusqu’à 6,1 l/100 km en consommation mixte (ville/autoroute) et conduite coulée, pour grimper à 13 l/100 km en conduite active sur petites routes. Une consommation mixte globale de 8 l/100 km sans trop se priver des 200 ch a été constatée. La voiture est homologuée pour 5,8 l en consommation mixte.
Une GTi ancrée dans son époque
Cette 208 GTI se situe alors comme la plus homogène des petites GTI. Elle garde ainsi un certain caractère (moteur vivant, boite mécanique agréable, excellent châssis) pour un confort satisfaisant, un bon compromis « sport-chic » et une consommation globalement raisonnable.
Qui aurait cru il y a 30 ans (anniversaire de la 205 GTI cette année) consommer 6 l/100 km avec un moteur essence de 200 chevaux ?! Le progrès se situe là, au détriment de la joie de vivre du comportement de la 205. La 208 est alors bien ancrée dans son époque, une époque moins folle, où radars, bonus-malus et sécurité routière font le haut de l’affiche. Un excellent « package » « Origine France Garantie », vendu 25 000 € (+ 500 € de malus).
Retrouvez aussi la Clio 4 RS dans notre comparatif GTI 200 ch où elle y testée sur circuit !