En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
Depuis son rachat en 2008 par les Indiens de chez Tata Motors, Jaguar se porte de mieux en mieux. Le coupé F-Type (voir notre essai de la version R) est une réussite, mais il fallait encore commercialiser un modèle de plus grande diffusion. C’est l’objectif de la XE venant se positionner sur le segment des familiales haut de gamme telles que les BMW Série 3, Mercedes Classe C et Audi A4.
La Jaguar XE mise sur son charme pour convaincre, particulièrement fort dans cette version S équipée du V6. Faut-il craquer pour la belle Anglaise ?
Il s’agit d’un marché historiquement dominé par les trois marques premiums allemandes citées précédemment. La firme britannique s’est-elle donnée les moyens de s’accaparer une part du gâteau ? Réponse avec notre essai concernant trois motorisations : deux essence en 340 ch et 240 ch, ainsi qu’un diesel en 180 ch.
Une identité forte
Lors du premier contact visuel, la Jaguar XE s’identifie immédiatement comme une Jaguar en plus de rappeler sa grande sœur la XF que nous avons pu essayer : les lignes de l’auto en imposent et sont dynamiques, tout en gardant une certaine retenue. De l’élégance à l’Anglaise !
En observant notre modèle de plus près, j’apprécie cette face avant typiquement Jaguar. La calandre est visible sans être clinquante grâce à un contour chromé discret, la proportion d’agressivité pour le bouclier est bien dosée, tandis que les optiques effilées avec un décroché sur la partie supérieure aimantent le regard.
De profil, on a un long capot valorisant et une ceinture de caisse haute apportant un sentiment de robustesse. La proue demeure très réussie, y compris sous cet angle où elle apparaît presque plus menaçante.
En passant à l’arrière de la voiture, je deviens plus sceptique. Les blocs d’optique me paraissent un peu trop surdimensionnés et pas franchement originaux. Ce n’est rien de catastrophique, néanmoins après un si bel avant, on s’attendait à mieux de la part de Jaguar !
Autre détail qui surprend : cette double sortie d’échappement séparée brut de décoffrage logée dans des encoches taillées pour les sorties de la V6. Elles paraissent donc trop petites
En finition S liée obligatoirement à la motorisation V6 :
Quid de la qualité intérieure ?
Deuxième étape : monter à l’intérieur. Ici, je n’irai par quatre chemins : la qualité déçoit franchement, qui plus est pour une Jaguar ! Les photos visibles ci-dessous montrent la finition haute R-Sport qui représente l’une des plus haut de gamme.
Si le dessin intérieur est stylisé, propre à la XE et plutôt réussi, la principale critique se porte à l’encontre des matériaux. Que ce soit le revêtement de la planche de bord ou des contre-portes, le toucher ne donne pas une bonne impression. Les plastiques sont dans leur majorité durs et ne semblent pas particulièrement solides.
Cela étant, la berline se rattrape en reprenant des éléments à la F-Type à l’image du volant et des compteurs du tableau de bord. La console centrale présente bien et le sélecteur de vitesse de forme circulaire pour la boîte automatique, signature de Jaguar et Land Rover, est du plus bel effet.
Le noir laqué de la console centrale la met en valeur. Il est dommage que l’écran tactile de l’ordinateur de bord soit si lent à réagir
Avec 455 litres, le volume de coffre est légèrement en-dessous de la concurrence (480 l pour une Série 3 et 475 l pour une Classe C)
Pourquoi ne pas avoir pris la peine de cacher cette partie du coffre ? Il faudra faire attention à ne pas arracher de fils lors du chargement !
Une nouvelle plateforme pour dominer la route ?
Après ce premier ressenti en statique mitigé par endroits, qu’en est-il à la conduite ? Pour le savoir, je vous propose une partie sur le circuit de Navarre, en Espagne, avec le bloc le plus puissant, et une autre avec du routier pour les deux autres moteurs.
La Jaguar XE S à l’épreuve de la piste
Sur ce tracé de 3,9 km comportant des virages rapides, une ligne droite de 800 mètres et également des virages serrés, je dispose donc pour une dizaine de minutes d’une XE avec le V6 3,0 l compresseur. Pour le premier tour, je laisse la boîte automatique gérer toute seule les passages de rapport afin de me concentrer sur la reconnaissance du circuit. Cette dernière se fait immédiatement oublier tant son fonctionnement est transparent.
Il est maintenant temps de hausser le ton en accélérant le rythme tout en utilisant les palettes bien entendu ! Dès les premiers virages, la Jaguar XE surprend par son agilité. L’Anglaise se montre très bien suspendue, elle prend que très peu de roulis et son poids (1 665 kg) ne se ressent pas derrière le volant. D’ailleurs, ce dernier est agréable à manier, car la direction est précise et incisive à défaut de remonter beaucoup d’informations. Un point faible caractéristique des directions électriques.
Par conséquent, on passe d’un virage à un autre avec une grande facilité. Les aides à la conduite sont paramétrées sur le mode sport, ce qui permet de laisser la place à quelques glissades de la part du train arrière qui ne se montre pas immobile, voilà qui est plaisant ! A cela, il faut ajouter la sonorité très sympathique et présente du V6 de 340 ch (à 6 500 tr/min) et 450 Nm de couple (à 4 500 tr/min). Ce six-cylindres se montre autrement plus plaisant que celui de 306 ch de la BMW 435i Gran Coupé (voir notre essai). Il a davantage de caractère.
La double triangulation pour le train avant et le multibras évolué utilisé pour le train arrière confèrent à cette auto de très bonnes qualités dynamiques
Le seul grief vient finalement de la boîte ZF à 8 rapports qui lisse complètement les sensations. Que ce soit à l’accélération (0 à 100 km/h en 5,1 s) ou lors d’un rétrogradage, il est quasiment impossible de ressentir un à-coup. Une très bonne chose pour une conduite de tous les jours, mais qui manque dans ces conditions sportives.
Les Jaguar XE 25t et 20d sur la route
Voilà donc qui m’amène à vous parler de mon ressenti sur la route, en-dehors de la piste qui n’est pas le terrain de prédilection de la Jaguar XE (une XER et peut-être même une XER-S sont évoquées pour plus tard). Avec mon binôme, nous avons une boucle d’environ une heure à réaliser aux alentours du circuit avec la motorisation essence 25t, avant de rouler un peu plus longuement sur un autre parcours avec le diesel 20d.
En suspension sport, la XE sautille un peu, mais ne se montre pas trop ferme. On lui préfèrera la suspension classique ou celle qui est pilotée afin de pouvoir choisir le dureté selon l’envie
Dans les deux cas, on retrouve le bon comportement routier découvert sur la S de 340 ch. La nouvelle plateforme en aluminium inaugurée pour la Jaguar XE fait des merveilles, puisque l’on a un plaisir de conduite qui nous fait oublier que l’on est assis dans une berline. Le bon calibrage de la direction y contribue également. On se surprend d’ailleurs à regarder le compteur au-dessus de la limitation de vitesse tant on évolue avec facilité sur la route.
Tous les équipement actuels sont disponibles : affichage tête haute, freinage d’urgence automatique, l’assistance au stationnement, une application pour commander la voiture à distance (verrouillage, niveaux des fluides dont le carburant, …), le Wi-Fi, …
Sur l’essence de 240 ch, l’insonorisation a été soignée. La sonorité a été travaillée, mais le 2,0 l turbo se fait oublier lorsqu’il le faut. Les frottements de l’air sur la carrosserie sont aussi brillamment maîtrisés. Le CX (coefficient de traînée) de seulement 0,26 n’y est certainement pas étranger.
Du côté du diesel, qui est un bloc de la nouvelle famille de moteurs Ingenium développée par Jaguar Land Rover, les 180 ch répondent bien présents. Néanmoins, on aimerait bien que ce 2,0 l se mette en sourdine. En effet, le 20d mériterait d’être moins sonore et de gronder un peu moins. Une mauvaise manière des motorisations diesel qui tend pourtant à disparaître, notamment chez le concurrent BMW…
Ce qu’il faut en retenir
Les plus | Les moins | ||
– un modèle plus original qu’une Allemande – châssis et comportement dynamiques – la direction incisive, précise et sans zone morte – le délicieux V6 – la boîte auto ultra-douce |
– la qualité perçue pas à la hauteur du blason – le 2,0 l 180 ch diesel trop bruyant – l’habitabilité moindre par rapport à la concurrence – la boîte auto gommant les sensations en conduite sportive |
Modèles essayés | Prix (hors options) |
|
Jaguar XE 20d BVA8 Jaguar XE 25t BVA8 Jaguar XE S BVA8 |
39 500 € 42 900 € 61 800 € |
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Modèles concurrents de la 20d |
Prix (hors options) | |
BMW Série 3 320d BVA8 (190 ch) – environ 39 100 € | ||
Mercedes Classe C 220 d 4Matic BVA7 (170 ch en transmission intégrale) – 42 950 € | ||
Audi A4 2.0 TDI automatique (190 ch) – 39 760 € |
Egalement : Infiniti Q50, Volvo S60, Lexus IS, …
Faut-il franchir le pas ?
Vendue à partir de 37 000 € en diesel 163 ch, la Jaguar XE est étonnamment plus chère qu’une Audi A4 (35 100 € / 163 ch). Néanmoins, cette dernière est en fin de carrière et moins bien dotée. Une BMW Série 3 (38 500 € / 163 ch) est plus onéreuse, tout comme une Mercedes Classe C (38 200 € / 170 ch). Nos motorisations 180 ch, 240 ch et 340 ch sont respectivement vendues à partir de 37 000 € (+ 2 500 € pour la BVA8), 42 900 € et 61 800 €.
A ce niveau de prix (hors options), on attend une berline familiale idéale sur tous les tableaux. La XE se distingue en matière de design et livre un agrément de conduite au top. Cependant, la mauvaise qualité des matériaux de l’habitacle pourrait rebuter et lui écorner son image. De plus, l’habitabilité n’est pas des plus généreuses. Cela étant, nous avons ici une alternative aux productions germaniques omniprésentes qui se révèle être originale et séduisante. Pour le reste, votre choix vous appartient !
Fiche technique Jaguar XE 20d 2,0 l 180 ch BVA8
Informations générales |
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Commercialisation | juin 2015 |
Pays | Angleterre |
Carburant/énergie | diesel |
Prix du neuf | 39 500 € |
Mécanique | |
Cylindrée | quatre-cylindres 2,0 l turbo |
Puissance | 180 ch à 4 000 tours/min |
Couple | 430 Nm à partir de 1 750 tours/min |
Transmission | arrière (propulsion) |
Performances | |
Vitesse max | 228 km/h |
0 à 100 km/h | 7,8 s |
Consommation | cycle mixte : 4,2 l aux 100 km |
Rejets de CO2 | 109 g/km |
Poids et mesures | |
Poids à vide | 1 565 kg |
Dimensions | L : 4,67 m / l : 1,85 m / h : 1,41 m |
Réservoir | 56 litres |
Volume de coffre | 455 litres |
Pneumatique AV/AR | 205/55 R17 – 205/55 R17 |
Je trouve que cette XE excelle dans tous les domaines : performance, puissance et comportement dynamique. Son seul vrai défaut c’est son habitabilité. Mais avec une ergonomie bien pensée et un prix moindre par rapport aux ténors allemandes, elle mérite largement le prix de la plus belle voiture 2014 !