En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
Jeune marque ibérique au caractère bien trempé, Cupra a dans un premier temps pioché dans le catalogue Seat pour construire sa gamme, jusqu’à ce que le Formentor débarque. Premier modèle spécifique à la marque, ce SUV sportif mise sur sa plastique pour séduire. Mais que vaut-il au quotidien ?
Cupra, on connaissait déjà en tant que label sportif de Seat. En 2018, le label est devenu marque à part entière, à grand coup d’une communication agressive qui misait sur le sport et une image lifestyle fortement mise en avant. Pour se lancer rapidement, pas question de proposer d’emblée un modèle spécifique, aussi c’est le Seat Ateca qui a cédé sa base pour que Cupra puisse le retravailler à sa sauce. Les choses changent en 2020 avec la présentation du Formentor, première carrosserie spécifique à Cupra que l’on ne retrouve pas dans la gamme Seat. Personne n’est dupe : techniquement parlant, la majorité de ses pièces viennent bien du groupe Volkswagen et existent sur beaucoup d’autre modèles, il n’y a qu’à soulever le capot ou fouiller un peu dans l’habitacle pour trouver des logos VW, Audi ou Seat disséminés un peu partout.
Il n’empêche, il a une vraie gueule pour se différencier de la meute ce Formentor, surtout dans la teinte Bleu Pétrole Mat optionnelle (2 000 €). Beaucoup de têtes se sont retournées sur son passage, pléthore de regards intrigués ont croisés le mien et nombreux ont été les « Mais c’est quoi ce logo ? C’est quelle marque ? ». Le secret de son dynamisme visuel tient en partie dans le fait que les proportions sont savamment étudiées et que le Formentor est plus compact qu’il ne le parait en photo. Avec 4,45 m de long, il rend 5 cm à un VW Tiguan et ses 1,51 m de haut accentuent l’effet trappu qu’il dégage. Ajoutez-y quelques arrêtes saillantes, des grosses jantes et des extensions d’ailes contrastées, et le tour est joué. Si le tout présente bien, on ne peut s’empêcher de relever quelques défauts d’alignement entre les panneaux de carrosserie, notamment au niveau du coffre. Il faut tout de même s’attarder dessus pour le remarquer et cela n’enlève rien au dessin réussi du Formentor.
Ergonomie compliquée
On ne peut pas en dire autant de l’habitacle qui n’est pas aussi original. L’affiliation avec Seat y est beaucoup plus évidente et le poste de pilotage ne réservera de surprise qu’à ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans une production récente du groupe Volkswagen. Mais avec le mimétisme vient aussi une qualité de fabrication appréciable, des ajustements corrects (il y a quelques gaps ça et là) et des matériaux qui, dans l’ensemble, respirent le sérieux et le solide. C’est plus vrai aux places avant qu’à l’arrière, où les grands panneaux de plastique dur des contre-portes ne sont pas des plus qualitatifs, mais les économies de fabrication ne sont autrement pas trop visibles. Il n’y a vraiment que le grand écran tactile de la planche de bord qui est foncièrement mauvais. D’une part il commande un système d’infodivertissement très complet mais lent et assez compliqué à appréhender, tant les menus et sous-menus sont imbriqués et peu clairs. Bien que basés sur la même architecture, les softwares VW ou Audi sont infiniment plus intuitifs !
D’autre part, l’écran en lui-même paraît bas de gamme. Il réagit mal aux injonctions et l’intégration entre la partie matérielle et le logiciel a besoin d’une sérieuse mise à jour : il est par exemple fréquent de cliquer sur une fonction, d’avoir la confirmation sonore (un « clic » qui sonne creux), preuve que l’écran à senti la pression, mais qu’il ne se passe rien ensuite. C’est déjà énervant quand l’on est passager, mais encore plus frustrant quand l’on est au volant et qu’il faut alors quitter la route des yeux plus que de raison. Pour le reste, l’ergonomie n’est ni mieux ni pire qu’une Golf : les commandes tactiles pour la climatisation et l’éclairage sont toujours aussi peu pratiques, mais le volant a le bon goût de conserver ses touches physiques que l’on finit par connaître par cœur et que l’on peu reconnaître du bout des doigts. Simple question en revanche : pourquoi avoir séparé la molette du volume du reste des touches du lecteur audio ? J’ai fréquemment changé la vitesse du régulateur adaptatif pensant passer d’une chanson à l’autre.
Franchement accueillant
Le tableau n’est pas parfait mais il n’y a pas de quoi se sentir mal à bord, surtout vu la place allouée aux passagers. Ceux de l’avant profiteront de superbes sièges semi-baquets en cuir (en option à 1 500 € ou de série suivant la motorisation choisie), aussi confortables sur long trajet qu’efficaces en maintien tout en offrant une bonne position de conduite pour la plupart des gabarits. Ceux de l’arrière pâtiront du manque de visibilité vers l’avant à cause desdits baquets mais ils seront en revanche plutôt bien lotis coté habitabilité, avec de la place pour les jambes et une garde au toit suffisante, sauf pour les très grands. De son côté, le coffre (420 litres annoncés) se montre assez vaste pour loger les affaires de trois ou quatre personnes qui partent une semaine.
Châssis surprenant
Mais si l’espagnol n’oublie pas son sens de l’accueil, il se montre aussi généreux avec son conducteur. Ce dernier se retrouve en effet aux commandes d’un SUV dynamique qui dispose d’un châssis à la hauteur de ses prétentions. L’amortissement piloté DCC fait correctement le job, se montrant à la fois conciliant en Confort et assez ferme pour maintenir correctement la caisse sur les modes Sport et Cupra. Combiné avec la direction précise et plutôt consistante, le Formentor est agréablement engageant et se régale des enchaînements de virages. Ceux qui s’attendaient à un comportement joueur et espiègle comme un Ford Puma ST seront déçus, mais le Cupra ravira en revanche les amateurs d’efficacité et de performances. C’est d’autant plus vrai avec la transmission intégrale 4Drive qui offre une motricité impeccable, même sur le mouillé. On peut simplement regretter que le volant de renvoie pas beaucoup d’informations sur l’adhérence du train avant et que l’amortissement, peu importe le mode choisi, digère assez mal les mouvement rapides, qui sont parfois sèchement répercutés dans l’habitacle.
Du punch à revendre
Sous le capot de notre Première Edition se trouvait l’incontournable 4-cylindres 2.0 turbo présent dans une floppé de modèles du groupe, ici dans une version 310 ch et 400 Nm. Au vu des 1 644 kg annoncés, j’avais peur de le trouver un peu étouffé et trop timide. Il est au contraire très volontaire, et si les accélérations ne collent pas violemment au siège, il y a déjà largement de quoi s’amuser. Il permet d’atteindre les 100 km/h en moins de 5 s depuis l’arrêt complet et la boîte DSG à laquelle il est forcément accolé est aussi docile en mode auto que réactive en mode Sport, tout en étant assez rapide si on décide d’utiliser les palettes au volant. Dommage que ces dernières soient un peu petites, en largeur comme en hauteur, ce qui ne rend pas leur préhension aisée pour les petites mains.
Le turbo est clairement audible à pleine charge, ce qui participe à l’excitation en conduite dynamique, mais on ne peut pas en dire autant de la sonorité moteur totalement étouffée et que l’on entend très peu dans l’habitacle. Du coup, les ingénieurs ont opté pour un faux son qui sort des haut-parleurs, franchement artificiel mais bizarrement assez bien pensé. Il singe un peu le bruit d’un V8 un très bas régime, tandis que son timbre change pour se rapprocher de celui d’un 5-cylindres une fois dans les tours. Déroutant mais rigolo ! On peut heureusement le désactiver si l’on veut profiter des qualités de l’auto sans cet artifice. Côté consommation, pas de miracles : sur les 1 500 km de mon périple au volant du Formentor, j’ai relevé 8 l/100 km sur route, 9,6 l/100 km sur autoroute au régulateur et 9,6 l/100 km en ville avec un peu de périphérique. Dans des conditions plus défavorables, le 4-cylindres peut se montrer glouton : comptez environ 12 l/100 km à froid dans les bouchons et plus de 16 l/100 km en conduite soutenue, avec un peu de relief.
Sans être un coup de cœur absolu, le Cupra Formentor s’est finalement illustré comme un très bon compagnon du quotidien, sachant allier praticité, look, capacités routières et petit sentiment d’exclusivité. Le tout sans prendre la grosse tête puisque les tarifs restent raisonnables vu les prestations générales : si notre Première Edition très bien équipée coûtait 52 815 €, un Formentor VZ de 310 ch démarre à 44 670 € (+ 10 488 € de malus…). A titre de comparaison une Audi S3 et un Volkswagen Tiguan R dotés de la même mécanique réclament respectivement 56 740 € et 54 990 € au minimum ! Surtout, Cupra a fait le choix très intelligent de proposer son Formentor avec une large palette de moteurs, allant de l’essence au diesel en passant par l’hybride rechargeable. De 150 à 310 ch (et bientôt 400 ch avec la méchante version 5-cylindres qui va débarquer au catalogue), il y a en a pour tous les goûts et toutes les bourses, avec un prix de base fixé à 33 050 € pour l’essence 1.5 TSI 150 ch en boîte méca. De quoi contenter ceux qui veulent juste rouler différemment, sans forcément chercher la performance.
Un grand merci à Marlène, Alexis et Baptiste sans qui les photos dynamiques n’auraient pas été possibles.