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Essai Ford Focus ST 2019 : il va y avoir du sport !

Depuis la première génération de Focus, Ford l’a toujours déclinée en version sportive. La dernière du nom ne déroge pas à la règle et revient en version ST, censée être le bon compromis entre sportivité et utilisation au quotidien. Un objectif atteint, au prix de quelques concessions.

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Quand Ford nous a contacté pour nous proposer un petit roadtrip avec leur dernière sportive, vous imaginez bien que nous avons fait des pieds et des mains pour nous rendre disponible. Direction Nice avec les camarades Ugo et JB pour le début de l’aventure. Dès la découverte des voitures à l’aéroport, on en prend plein la rétine. Pas tant par le style général de l’auto, qui diffère finalement assez peu de la Focus ST Line que nous avons essayée l’année dernière (à lire ici). Hormis un becquet de toit allongé, des boucliers un peu plus méchants et des jantes spécifiques, la ST reste relativement discrète. Sauf si, comme notre exemplaire du jour, vous décidez de prendre la votre avec la teinte flashy Orange Fury. Lunettes de soleil conseillées !

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Une fois notre copilote Célia récupérée, nous prenons la route direction Grenoble, en passant par la Route des Grandes Alpes. Trois cols et 300 km sont au programme de la journée, de quoi se faire une idée assez précise des capacités dynamiques de la compacte américaine. Dès les premiers tours de roues en direction du col de la Bonette, la docilité de la Focus étonne. Quand le bitume reste lisse, rien ne permet de vraiment déceler que l’on est à bord d’une sportive. Les commandes sont douces et le bruit de l’échappement filtre peu dans l’habitacle, de quoi profiter de l’honnête sono B&O livrée de série et de chanter à tue-tête. Il n’y a d’ailleurs que peu de friandises à se mettre sous la dent à l’intérieur, tant l’ensemble est calqué sur la Focus. Seuls le volant à méplat badgé ST et les sièges Recaro spécifiques rappellent le tempérament de l’américaine. Arrivés au joli village d’Isola, nous prenons le temps d’avaler une excellente pizza (si vous êtes dans le coin, allez donc faire un tour au restaurant Le Collet Factory !) avant de filer à l’attaque du col de la Bonette.

Coeur de Focus RS

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Il est désormais temps de mettre le mode Sport et de prendre toute la mesure du travail des ingénieurs de Ford Performance. Immédiatement, le son amplifié par les hauts-parleurs met dans l’ambiance et la consistance de la direction devient très dure. La précision est bonne, mais la montée en effort bizarrement calibrée perd en résistance passés les premiers degrés de rotation du cerceau. Ce n’est pas rédhibitoire mais un temps d’adaptation est nécessaire et le tout nuit légèrement aux remontées d’informations, notamment au niveau de l’adhérence. Il faut dire qu’avec 280 ch tirés d’un 4-cylindres 2.3 EcoBoost, le train avant à fort à faire. Si le bloc ne vous est pas inconnu, c’est parce qu’il est repris de l’ancienne Focus RS et de la Mustang EcoBoost.

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Vaillant et plein de santé avec ses 420 Nm de couple, il catapulte la ST de virage en virage, mais son caractère joue plus en faveur de la linéarité et de la souplesse que de l’explosivité. De même, la boîte manuelle 6 vitesses bien guidée est malheureusement un peu accrocheuse, surtout entre la 2 et la 3, que l’on utilise beaucoup en montagne. Reste que le rev-matching (talon pointe automatique qui met un coup de gaz pour atteindre le régime idéal au rétrogradage) est bien pratique pour préserver la transmission et faciliter la conduite sur route ouverte.

Fermeté et efficacité

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Devant nos yeux, le paysage qui défile vite n’en fini plus de se découvrir et les derniers arbres laissent place à un paysage grandiose de moyenne et haute montagne, où les roches nues surplombent des vallées verdoyantes. Quelle vue sublime ! Impossible de résister à l’envie de prendre quelques clichés et de marcher deux minutes dans cet air pur, loin de l’agitation de nos villes embouteillées. A la redescente, le bitume changeant donne l’occasion de se concentrer sur le châssis. En Sport, la suspension pilotée CCD (de série sur la 5-portes essence) est franchement cassante sur les aspérités et renseigne sèchement sur l’état de la route. Pas de quoi prendre un abonnement à vie chez l’ostéo mais la notion de confort est bien vite oubliée. En outre, le débattement court devient parfois problématiques sur les grosses compressions (arriver en butée n’est pas rare) dans la mesure ou la progressivité n’est pas le point fort de l’amortissement. Dommage que Ford n’ait pas prévu un mode de conduite paramétrable qui permettrait de régler les différents périphériques (suspension, cartographie de l’accélérateur, rev-matching, ESP, direction…) séparément, pour se concocter un voiture à la carte. Ici, c’est tout ou rien et sur route bosselée ou grossièrement rapiécée, mieux vaut repasser en Normal, ne serait-ce que pour conserver un minimum de motricité et ne pas sauter de bosse en bosse.

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De retour dans la vallée, les belles courbes désertes au revêtement parfait mettent en exergue une stabilité du châssis à toute épreuve. L’arrière est vissé au sol, loin de l’esprit enjoué de la petite Fiesta ST. Un choix un peu surprenant de la part de la maison mère, qui peut se justifier par l’envie de proposer une auto accessible à tous plus qu’une pure sportive. Mais étonnamment, même la ST Line nous était parue un poil plus joueuse. Une fois la base assimilée, nous repartons à l’attaque du col de Vars. Le mode d’emploi est assez simple : gaz en grand dans les lignes droites, freinage appuyé et dégressif en entrée de courbe pour le transfert de charge et le différentiel mécanique piloté électroniquement (la roue extérieure est accélérée en virage) gère le reste en faisant fondre le nez de l’Orange pressée sur la corde. Même avec un levé de pied intempestif, jamais le train arrière ne glisse au point de vouloir passer devant. Se retrouver en situation de contrebraquage sur route ouverte n’a aucune chance d’arriver à allure légale ! La lumière tombante nous laisse juste le temps de faire les dernières photos de la journée avant que la nuit n’arrive. L’occasion pour nous de filer vers Grenoble, non sans passer par un dernier col (Izoard).

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Le choix des armes

Finalement, la Focus ST essaye de jouer sur tous les tableaux en se montrant efficace, rapide, mais aussi habitable qu’une Focus « normale ». Il faut toutefois composer avec une voiture plus sage que son badge ne le laisse transparaître et surtout châssis vraiment ferme qui ne conviendra pas au plus grand nombre. Et pour ça, Ford a aussi la solution puisque la ST est disponible en 5 portes comme notre exemplaire du jour, mais également en break. Cette carrosserie familiale profite d’une suspension passive qui, après l’avoir brièvement essayée, semble mieux calibrée et plus conciliante. L’efficacité y perd peut-être un peu, mais le quotidien y gagne. Enfin, un bloc diesel de 190 ch et 400 Nm de couple est aussi disponible au catalogue. Ford l’a joué fine puisque ce dernier est affiché au même prix, à l’euro près, que l’essence, soit 34 150 €. Peu sportif mais bon rouleur, il n’est taxé que d’un malus négligeable de 75 €, alors que l’essence fait payer très cher ses performances, avec un malus colossal de 7 073 €. Il y en a globalement pour tous les goûts, encore faut-il choisir la combinaison la plus intéressante pour vous !

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Un grand merci à Célia (Le Nouvel Automobiliste), l’ami JB (Le Billet Auto) et le bon Ugo (Blog Automobile) pour l’aide sur les photos et la bonne humeur pour cette journée montagnarde.

Jalil Chaouite

Jalil Chaouite

Tant que ça roule, ça me plait... Ou presque. En tout cas je suis toujours curieux d'essayer tout ce que je peux, pour multiplier les points de comparaison. Je mentirais si je disais que je ne préfère pas une sportive à une banale citadine, mais je mets un point d'honneur à aborder chaque nouvel essai avec la même neutralité. Mes avis sont en général très tranchés, mais je ne suis jamais fermé à la discussion ! Bonne lecture :)

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