Essais

Essai road trip : 1500 km en Lexus LC500 Cabriolet !

Constructeur premium qui a fait de l’hybride son cheval de bataille, Lexus n’en oublie pas pour autant son savoir-faire en matière de voitures plaisir. Car si la quasi-totalité de la gamme dispose d’une motorisation hybride ou électrique, la sculpturale LC cabriolet ne fait confiance qu’à un V8 atmosphérique pour se mouvoir. Il n’en fallait pas plus pour nous convaincre de faire un pèlerinage à la Mecque des sports automobiles : le Nürburging.

En 2017, Lexus frappait un grand coup en sortant la LC, un sculptural coupé étroitement dérivé du concept LF-LC dévoilé en 2012. Si une version hybride existe (LC 500h) c’est bien la LC 500 muni de son V8 5.0 atmosphérique qui a fait parler de lui. Symboliquement, l’image est forte : Lexus s’était depuis plusieurs années déjà orienté vers l’hybride, proposant au moins une version à batterie pour chaque modèle de sa gamme et supprimant peu à peu les motorisations thermiques pour mieux coller avec l’image véhiculée par le groupe Toyota, véritable pionnier de l’électrification. Sortir pareille GT en des temps troubles pour le moteur à combustion interne témoigne d’une volonté de préserver cette passion ardente pour la mécanique, qui vit chez nous ses dernières heures si l’on en croit la direction prise par les autorités européennes. Mieux, l’équipe de course du groupe, Gazoo Racing, n’a pas hésité à engager une version radicalisé de la LC aux 24h du Nürburgring en 2018 et 2019.

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Si la voiture n’a jamais brillé au classement, elle a en revanche marqué le plateau par son look et la sonorité de son V8. Après un an et demi de crise sanitaire et des déplacements transfrontaliers limités, il nous tardait de gouter nous aussi à la campagne de l’Eifel au volant de la japonaise.

Conçue pour cruiser

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C’est avec une excitation non dissimulée que nous quittons la capitale française au volant de la version Cabriolet de la LC 500, qui n’existe pour le coup qu’en V8. Capote fermée, mode de conduite Confort sélectionné, la Belle Rouge est douce comme un agneau. Les bruits d’air sont très correctement filtrés, la boîte à dix rapports (!) opère de manière totalement transparente et le ronron du V8 lointain ferait presque oublier le pedigree de la Lexus. A 135 km/h au régulateur, le bloc tourne à peine au-dessus de 1 500 tr/min. Une vraie voyageuse ! La suspension souple fait quant à elle preuve d’une douceur appréciable en conduite coulée et dispose d’assez de débattement pour ne jamais se sentir chahuté par les déformations de la chaussée. Tout juste peut-on regretter que les grosses (et -très subjectivement- magnifiques) jantes de 21 pouces aient tendance à rebondir un peu sur les grosse aspérités, provoquant ainsi quelques remontées dans l’habitacle. Ce constat mis à part, la Lexus se fait oublier sur autoroute, où l’on a tout loisir de profiter de la très bonne sono Mark Levinson à 13 haut-parleurs, capable de délivrer un son puissant et enveloppant malgré l’espace limité de l’habitacle 2+2. Détail qui ravira les mélomanes qui abhorrent les MP3 compressés, un lecteur CD est présent pour une qualité d’écoute Hi-Fi !

Habitacle de haute volée

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L’habitacle justement, est d’une finition sans faille. De la sellerie chauffante et ventilée aux différents boutons et comodos, les mains se posent tour à tour sur du cuir, du métal et des matériaux souples tous plus valorisants les uns que les autres. Du plastique ? Il y en a un peu, mais il n’est jamais cheap et l’ensemble donne vraiment l’impression d’être dans une voiture de luxe où le soin du détail est poussé jusqu’aux sublimes panneaux de portes dont les galbes n’ont d’égale que les poignées sculptées dans l’alu. En plus d’offrir une préhension parfaite, leur forme fluide et effilée donnerait des sueurs froides à n’importe quel tourneur fraiseur.

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S’il y a bien un point sur lequel la Lexus ne mérite pas que des éloges en revanche, c’est au niveau de l’ergonomie compliquée. Il faut par exemple passer par de nombreux menus et sous menus pour atteindre toutes les fonctions de climatisation. L’utilisation du pad tactile pour commander l’écran de la planche de bord est agréable mais demande un sérieux temps d’adaptation. Pas de quoi bouder notre plaisir une fois le mode de fonctionnement assimilé, alors que l’on quitte le Luxembourg pour entrer en Allemagne.

Un V8 magique

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Qui dit voies rapides allemandes dit forcément Autobahn, ces fameuses autoroutes où la vitesse n’est plus limitée mais simplement conseillée. Et avec 464 ch logés sous l’interminable capot avant, il est temps de faire parler la poudre ! Pied dedans, la boîte tombe 4 voire 5 rapports et le V8 jusqu’alors si discret se réveille avec une force constante et enivrante à mesure que l’aiguille du compte tours va chercher les cieux. La sonorité commence à emplir l’habitacle vers 3 500 tr/min, le grognement se transforme en vocalise vers 4 500, et le bruit d’admission rauque vient s’ajouter à la voix de soprano du V8 qui hurle sa rage entre 5 500 et plus de 7 000 tr/min, pour le plus grand bonheur de vos esgourdes. Orgasme auditif assuré !

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La poussée n’est pas franchement impressionnante mais il suffit de jeter un œil sur le compteur pour se rendre compte que l’on accroche très vite 250 km/h dès qu’un bout droit dégagé de quelques centaines de mètres se profile à l’horizon. A ce rythme, la petite bourgade de Nürburg est vite atteinte, et il est temps de laisser l’auto (et ses deux conducteurs) se reposer un peu.

 

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Débarquer dans la région de l’Eifel est toujours un moment magique pour tout passionné d’automobiles. Entre les panneaux qui indiquent l’emplacement du circuit le plus long du monde, les improbables voitures croisées sur la route ou aux stations essence et le fait que la quasi-totalité des business de la région tournent autour du sport auto, il y a de quoi se rincer l’œil. Mais l’enchantement fut de courte durée : le lendemain de notre arrivée, nous apprenons que la région a été durement touchée la veille par des inondations d’une ampleur inconnue depuis des décennies. Au fil des heures, des bribes d’informations arrivent peu à peu jusqu’aux habitations épargnées par les flots et nous prenons conscience que le bilan humain et matériel est d’une gravité exceptionnelle. Le couperet tombe : le circuit sera fermé jusqu’à nouvel ordre et tout le personnel disponible sera réaffecté à l’aide humanitaire nécessaire sur place.

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Le Ring Boulevard est pris d’assaut par les riverains qui donnent tout ce qu’ils peuvent pour aider les victimes : nourriture, vêtements, outillages… Jamais je n’avais vu pareil déploiement de secours, armée et pompiers au même endroit. La déception de votre serviteur de ne pas pouvoir aller poser les pneus sur la mythique Nordschleife est réelle, mais bien vite balayée devant la portée de la catastrophe qui touche la région. Mon copilote et moi laissons donc toute liberté aux professionnels pour travailler efficacement et aider les rescapés, et nous partons à l’assaut des routes désertes du coin pour se faire une idée du potentiel dynamique de la LC 500 Cabriolet.

Comportement dynamique

GT jusqu’au bout des pneus (ici d’efficaces Bridgestone Potenza S001), la Lexus n’est pas pour autant paresseuse. Mais pour découvrir l’étendue de ses talents, il est indispensable de la passer en mode Sport ou Sport +, histoire de raffermir la suspension et limiter un peu les mouvements de caisse. Le comportement n’est jamais tranchant mais agréablement précis et rassurant, tandis que le train avant fait preuve d’un grip élevé qui aide à bien inscrire l’auto en virage.

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La direction très consistante joue pour la précision, même si un peu plus de remontée d’information serait bienvenue. L’arrière enroule quant à lui avec bonheur, mais le grand empattement vise la stabilité plutôt que l’espièglerie, ce qui colle tout à fait à l’esprit Grand Touring de la LC. Et en cas d’excès d’optimisme, l’électronique veille au grain pour éviter de voir l’arrière passer devant si l’on remet les gaz trop tôt. Si le coupé a droit à des roues arrière directrices, le cabriolet en est privé mais il n’y a pas de quoi se plaindre de l’agilité, bien présente. Quand on passe en plus la boîte en mode manuelle on obtient alors une auto bien plus engageante et rageuse qu’il n’y paraît au premier abord. On se souviendra longtemps des downshifts mémorables qui résonnent encore sûrement dans la forêt teutonne !

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Les sensations amplifiées par l’absence de toit collent immanquablement le sourire et quelques kilomètres de virages suffisent à inscrire la LC 500 Cabriolet parmi les autos dont on s’éprend même si elles ne sont pas à l’apogée de leur catégorie respective. Une Porsche 911 Cabriolet ? Infiniment plus rigoureuse. Une Bentley Continental GT V8 Convertible ? Dans une autre ligue en termes de luxe, technologie embarquée et performances. Une Jaguar F-Type P450 ? Pas moins jolie et également dotée d’un V8 génial.

Ne laisser personne indifférent

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Il n’empêche, il se dégage vraiment quelque chose de cette Lexus qui aura tant fait tourner les têtes pendant notre périple. Posée à Brünnchen puis Antoniusbuche, la découvrable aimante le regard des quelques personnes présentes, et l’on ne compte plus les smartphones sortis des poches pour immortaliser sa robe rouge d’une profondeur rarement vu. La qualité de la peinture est simplement sublime. Nous prenons nous aussi le temps de détailler les formes de la découvrable, à la fois torturée et pure, agressive mais classieuse, chargée mais ultra sexy.

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Tous ceux qui sont venu discuter ont loué sa beauté, son V8 atmo, et il a fallu expliquer plusieurs fois que non, mon copilote et moi ne roulons pas au quotidien dans un cabriolet affiché 133 490 €. Notez qui si nous avions les fonds nécessaires, il n’y a guère que le gabarit de péniche qui freinerait nos ardeurs (4,77 m de long et 1,92 m de large, sans rétroviseurs) tant la LC se montre facile et agréable dans la vie de tous les jours. Même la consommation n’est pas délirante : après plus de 1 500 km de périple, la japonaise s’est contenté de 11,9 l/100 km de sans-plomb, en moyenne. Joli score pour une auto de 2035 kg que nous n’avons pas épargné sur un parcours mêlant réseau secondaire (55 %), autoroute dont 200 km d’Autobahn (35 %) et ville (10 %). Sur le chemin du retour, impossible de ne pas faire un crochet par la mythique ligne droite de feu le circuit de Reims-Gueux, haut lieu du sport auto français qui a vu s’affronter des dizaines de pilotes assez fous pour rouler pied au plancher dans des cercueils roulants et sur des routes nationales qui n’offrent aucune protection spécifique. Une autre époque !

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Nous nous contenterons de faire poser la Lexus devant les bâtiments restants, dont la restauration est fièrement assurée par l’ACG, l’association des amis du circuit de gueux, et ses nombreux mécènes.

Joyau méconnu

Belle GT avec un grain de folie en elle, base insolite pour une voiture de course aussi atypique que rare, la Lexus LC 500 est un véhicule incroyablement attachant dont le principal défaut est surtout d’être trop peu connu du grand public. La choisir en cabriolet ne fait que renforcer son invitation aux longs périples ensoleillés, tandis que sa ligne aguicheuse n’est pas dénaturée par la présence de l’épaisse capote en toile. Lexus n’a jamais gagné de compétition majeure avec la LC 500 de course et la version de route restera à coup sûr un model confidentiel que seule une poignée de passionnés auront la joie de gouter.

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Tel est le destin d’une marque assez peu répandue chez nous, qui reste pourtant l’une des rares à oser proposer une authentique voiture plaisir, sans concession et techniquement très aboutie. Comme quoi, on peut aussi être très investi sur le marché de l’hybride et ne pas oublier que derrière l’objet qu’est l’automobile, une passion brulante pour la belle mécanique sera toujours présente !

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Un grand merci à Alexis de m’avoir accompagné sur ce trip et à l’ami Borre (Borre_Z sur Instagram) pour son aide sans faille lors des photos travelling. Crédits photo LC 500 de course : Toyota Gazoo Racing.

Jalil Chaouite

Jalil Chaouite

Tant que ça roule, ça me plait... Ou presque. En tout cas je suis toujours curieux d'essayer tout ce que je peux, pour multiplier les points de comparaison. Je mentirais si je disais que je ne préfère pas une sportive à une banale citadine, mais je mets un point d'honneur à aborder chaque nouvel essai avec la même neutralité. Mes avis sont en général très tranchés, mais je ne suis jamais fermé à la discussion ! Bonne lecture :)

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