En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
Kia change son design à vitesse grand V ces dernières années et ce n’est pas le nouveau EV6 qui va à l’encontre de cette tendance. En rupture totale avec le reste de la gamme, il s’affirme comme un engin à part, d’autant qu’il repose sur une toute nouvelle plate-forme qui sera par la suite utilisée par de nombreux modèles électriques. Suffisant pour convaincre ?
Au fil des générations automobiles, je me demande s’il n’existe pas une espèce de convention secrète entre les constructeurs, qui voudrait que chaque modèle étrennant une nouvelle technologie se doive de se démarquer visuellement de la meute. C’était le cas avec les hybrides il y a quelques années, c’est vrai aussi pour les très rares modèles à hydrogène vendus aujourd’hui, et la tendance se confirme avec les électriques. Certains, comme Volkswagen et Mercedes, n’hésitent pas à carrément créer des gammes dédiées à leurs modèles à batteries ! Besoin de montrer que le progrès n’est pas que technologique, technique incitative pour convaincre de nouveaux clients, façon de faire évoluer son image de marque… Les explications sont multiples et il existe des vérités différentes pour chaque constructeur. Dans tous les cas, ce sont les clients qui se retrouvent avec des voitures parfois extravagantes qui ne reprennent pas nécessairement les codes visuels historiques de leur marque respective. L’EV6, dernier né de la grande famille Kia, ne déroge absolument pas à la règle.
Le design auquel le constructeur coréen nous avait habitué jusque là est totalement chamboulé. Lors de la présentation statique de la voiture il y a quelques mois, c’était même la première Kia à arborer le nouveau logo ! Pour le reste, l’EV6 joue à fond la carte crossover et mélange plusieurs genres : ni berline, ni SUV ni même break, ce parti pris n’est pas sans rappeler la nouvelle Citroën C5X. Reste que si la face avant et le profil semblent plaire au plus grand nombre, l’arrière divise beaucoup. Et pour cause : utiliser les feux pour intégrer le becquet qui vient terminer une poupe en pointe est inhabituel et interpelle. A défaut d’être gracieux, ce popotin très chargé regorge en revanche de détails intéressants, comme les clignotants texturés ou l’énorme becquet de toit. On aime ou non, mais la Kia a le mérite de faire tourner les têtes. Dans la région de Malaga où nous avons pu le prendre en main, l’EV6 a déclenché beaucoup de moues intriguées, de regards interrogateurs et de questions en Espagnol pour lesquelles je n’ai eu d’autre réponse embarrassée que « no hablo Español, sorry ». Son gabarit du genre imposant (4,70 m de long pour 1,89 m de large) n’y est sans doute pas étranger. Et ce besoin d’en mettre plein la vue est aussi valable pour l’habitacle.
Présentation soignée et habitabilité géante
C’est tant mieux, étant donné le manque d’inspiration de beaucoup de Kia en la matière. Ici, on retrouve quelques innovations, comme deux écrans incurvés juxtaposés (un pour l’instrumentation et l’ordinateur de bord, l’autre tactile pour le multimédia), une console centrale flottante ou encore un panneau de contrôle tactile sur la console centrale. Si l’on regrette que les touches tactiles soient bien moins pratiques à utiliser que des boutons physiques, elles permettent en revanche de switcher entre deux types d’affichages : les commandes de clim’ ou les raccourcis pour interagir avec le système multimédia. Malin, car cela permet de gagner vraiment en place, d’éviter une profusion de boutons et par la même occasion de proposer un design épuré franchement agréable à l’œil. Dans cet univers propre et dont les matériaux sont plutôt de bonne qualité (du moins sur la finition GT Line essayée ici), le volant à deux branches tout droit sorti d’une berline américaine des années 90 dénote un peu.
Mais impossible de se montrer critique en ce qui concerne l’espace à bord, en revanche. Les passagers avant profite d’une planche de bord courbe qui donne une grande sensation d’habitabilité, tandis que les places arrière singent celles d’une berline de luxe tant elles se montrent généreuses en espace aux jambes. Même les plus grand pourront s’y étendre confortablement ! La banquette arrière (rabattable selon une configuration 2/3 – 1/3) dispose de surcroit de dossiers inclinables sur plusieurs positions, afin de trouver la plus confortable sur long trajet. Attention toutefois à la garde au toit, un peu moins généreuse mais néanmoins suffisante pour la plupart des gabarits. Pour sa part, le coffre déçoit un peu. Les 480 l de contenance annoncée ne sont pas ridicules mais la hauteur un peu faible limite ce que l’on peut y charger. Un petit compartiment supplémentaire prend place sous le capot avant, mais sa capacité se limite à 50 l pour les versions 2 roues motrices et 20 l seulement pour les 4 roues motrices. Tout juste bon pour y loger les câbles de recharge.
A l’aise sur la route
Car oui, l’EV6 existe en propulsion mais aussi en transmission intégrale, deux déclinaisons disponibles dès le lancement. De 229 ch quand seules les roues arrière l’anime, l’EV6 grimpe à 325 ch quand un deuxième moteur électrique vient animer l’essieu avant. Dans un cas comme dans l’autre, le comportement n’est pas transfiguré et c’est l’aspect sécuritaire qui prime sur l’espièglerie. Le train avant fermement suspendu rend les armes assez tôt et sous vire alors très progressivement, avant que l’arrière ne décroche à son tour, embarqué par le poids (1 985 kg à vide en propulsion, 2 090 kg en intégrale) et que l’ESP n’intervienne de façon assez douce pour remettre tout le monde dans le droit chemin. Reste que l’EV6 fait tout de même preuve d’une certaine agilité, plus que le Volkswagen ID.4 par exemple, plus lourd et pataud.
Le tout dans un confort très acceptable quand la chaussée n’est pas trop dégradée, sauf à basse vitesse où les petits chocs sont un peu sèchement répercutés dans l’habitacle. La version deux roues motrices se montre un peu plus conciliante, notamment grâce à un train arrière plus souple qui secoue moins les vertèbres. La direction dispose d’une bonne consistance même si elle ne remonte pas beaucoup d’informations, le rayon de braquage est excellent et facilite grandement les manœuvres, mais ces dernières révèlent aussi une rétrovision franchement mauvaise. Prudence avec les angles morts ! Et puisque le cahier des doléances est ouvert, citons aussi les pneus Continental Premium Contact livrés de série sur les GT Line propulsion, dont les bruits de roulements sont franchement envahissants à vitesse autoroutière. Les Micheline Pilot Sport 4 SUV des versions quatre roues motrices s’en tirent bien mieux sur le même exercice.
L’EV6 repose sur la récente plate-forme e-GMP du groupe Hyundai-Kia, comme le Ioniq 5 disponible depuis peu. Sans surprise, il embarque donc lui aussi une batterie de 77,4 kWh. Lors de notre essai, nous avons relevé des consommations comprises entre 20 et 22 kWh aux 100 km, soit des autonomies théoriques d’environ 350 à 385 km. On est loin des plus de 500 km annoncés par la marque, mais en utilisation réelle, cela suffit à garantir des trajets moyens en toute sérénité, pour peu que l’on puisse recharger facilement à son point de chute. Surtout, la plate-forme e-GMP permet une recharge ultra rapide grâce à l’emploi d’un chargeur qui peut accepter des tensions de 400 ou 800 V et une puissance de charge allant jusqu’à 239 kW. De quoi permettre, en théorie, de passer de 10 à 80 % de batterie en seulement 18 min.
Taillé pour la famille
S’il n’est pas franchement amusant à emmener (ce qui changera peut-être avec l’arrivée d’une version GT de carrément 585 ch l’année prochaine), l’EV6 propose en définitive un compromis convaincant entre efficacité et confort, surtout qu’il n’est disponible qu’avec une suspension passive. Ce gros crossover électrique qui réclame tant d’attention avec son physique osé mérite donc la votre si vous êtes sur le marché pour une familiale électrique très spacieuse, pas désagréable à emmener et confortable dans la plupart des situations. L’EV6 démarre à 47 990 € en propulsion avec le droit à un bonus étatique de 2 000 € (55 790 € pour notre GT Line), et 51 990 € en quatre roues motrices. Quant à la puissante déclinaison GT, comptez 66 990 €.
Un grand merci à l’ami Christophe pour son aide sur les images dynamiques.
77 kWh de batterie, il ne faut pas rêver avec des consos estivales de l’ordre de 20-22 kWh et sans doute supérieures de 15 à 20% l’hiver.
Reste une belle berline qui va garantir 250 à 350 km mini quelles que soient les conditions. Avec une recharge autoroutière, ça permet de faire un Bordeaux-Paris tranquillement.
Tout le monde ne fait pas 600 km par jour…
Un commercial fait rarement 300 km quotidiens
Donc l’autonomie ne posera pas de problème.
A condition de pouvoir compter sur une borne rapide … mais c’est un autre sujet
Bonjour,
La question de l’autonomie n’a de toute manière pas de réponse universelle et varie en fonction de l’utilisation que l’on a d’une auto. Au-dessus de 300 km, c’est suffisant quotidiennement, quand on a accès une borne facilement. En-dessous, on commence à devoir brancher souvent et la pénibilité n’est plus la même. Quant aux longs trajets, c’est de toute manière la bête noire d’une électrique, quelle qu’elle soit !