C’est sur le circuit Paul Ricard au Castellet qu’Audi nous a invités pour célébrer les 90 ans de la marque. Mais l’anniversaire de la réunion des 4 anneaux fut aussi le prétexte pour rappeler à tous, notamment aux trois du fond qui auraient oublié, qu’Audi rime avec…
Même Ferrari s’y est mis. C’est un fait, aujourd’hui, après que la Toyota Prius en ait vanté les bienfaits, l’hybride se montre peut-être comme la meilleure solution peu polluante à court terme. Déjà dans les années 1990, Audi présentait le concept Duo dont la technologie a débouché sur une A4 Duo de série. Dans une plus grande diffusion, Audi a aussi prouvé son savoir-faire avec les A6, A8 et Q5 hybrides. Audi souhaite aujourd’hui revenir sur le devant de la scène en déclinant sa compacte A3 en hybride rechargeable tout en serrant les coûts.
Après avoir été séduits par la Volvo V60 plug-in hybrid l’an dernier, nous supposons qu’Audi a franchi une marche supplémentaire. Est-ce vraiment le cas ?
Hybride certes, A3 surtout
Pionnière du marché, la Prius avait ses fans… et ses détracteurs, notamment au niveau du design, particulier. Aussi, Audi ne voulait pas bouleverser l’esthétique de son A3 « propre ».
Calandre chromée, jantes spécifiques, quelques chromes sur les boucliers avant et arrière, sortie d’échappement dissimulée, et quelques logos e-tron, marquent les seules différences spécifiques à cette version.
Nous retrouvons sinon l’élégante sobriété de l’A3, rehaussée par des phares avant full led à la signature évocatrice.
Un cocon technologique
A bord, là-aussi, pas de révolution trahissant l’énergie du véhicule. Tout juste note-t-on l’apparition d’un compteur de puissance électrique utilisée qui remplace le compte-tour des versions thermiques et d’un bouton “EV” sous les aérateurs qui servira à choisir le mode de propulsion.
Comme dans toutes les dernières A3, l’habitacle est épuré avec peu de boutons. Depuis l’A1 (voir notre essai), en ayant atteint son paroxysme avec le dernier TT, Audi cherche à simplifier ses intérieurs. Nous n’aurons aucun reproche à faire sur la qualité de présentation et de finition, toujours de haut niveau chez la marque aux anneaux. On se rassurera sur le fait que nous trouverons chez nous un habitacle plus attrayant et mieux équipé que ces versions Ambition Luxe allemandes de pré-série (sortes d’Ambiente suréquipées) avec notamment du cuir et une caméra de recul.
L’A3 est habitable avec un espace honorable à l’arrière tant en garde au toit, qu’aux genoux et aux coudes/épaules. Le coffre est hélas réduit à 280L sur cette version hybride à cause des batteries (identique aux A3 quattro), un volume de coffre digne de la catégorie inférieure… Un élément à prendre en compte lors de l’achat.
Doux silence sans restriction de puissance ou d’autonomie
Notre journée d’essai de l’A3 Sportback e-tron s’est déroulée en région parisienne. Nous avons tout d’abord été invités à rouler en 100 % électrique le matin, en soignant notre éco-conduite. Ce mode « EV » (qui s’active d’office au démarrage) est une évidence pour la conduite urbaine, notamment parisienne. On roule sans aucun bruit, tout juste entend-on le bruit de roulement des pneus, et le moteur électrique de 102 ch ne manque pas de « pêche » si besoin est, profitant du couple instantanément disponible propre à ce type de moteur.
Et, tout comme avec la V60 l’an dernier, j’ai trouvé que l’éco-conduite était évidente sur ce type de technologie : plus que de simplement constater la baisse de consommation moyenne sur l’ordinateur de bord, elle permet ici de gagner plus de kms en tout électrique, sorte de récompense pour le conducteur, sachant à quel point ce mode de conduite est agréable.
Nous adoptons alors naturellement un rythme de conduite très calme, en caressant l’accélérateur. Au lâcher de pied, la voiture se laisse filer sur son élan, le frein moteur étant absent et les frottements mécaniques ayant été fortement travaillés. Vous vous surprendrez à devoir plus freiner que sur n’importe quelle voiture au final, ce qui recharge la batterie ! Le freinage est en effet régénératif au départ pour laisser place ensuite de façon naturelle au freinage hydraulique traditionnel.
Il faut aussi savoir que l’on peut atteindre 130 km/h en tout électrique. Nous avons alors pu rouler 29 km dans ces conditions, sur un parcours mixte mêlant ville, route et autoroute. Honorable !
Nous avons ensuite testé les autres modes de conduite. Il est alors question de stratégie d’utilisation de l’électrique et du thermique constitué par le répandu 1.4 TSI 150 ch – cependant, sans désactivation des cylindres. Il est possible de maintenir l’autonomie électrique par le mode « Hybrid Hold » lorsque l’on approche d’une ville n’acceptant que les véhicules 0 émission, la voiture privilégiant alors le thermique.
De plus, si vous êtes dans cette situation, sans assez d’énergie électrique, vous pouvez forcer la recharge électrique par le mode « Hybrid Charge ». Autrement, elle est seulement réalisée par les décélérations et freinages. Attention alors à la surconsommation, le thermique travaillant activement ! Ici, la batterie se recharge sur une distance de 80 km à 130 km/h ou… sur secteur en 2 h 15 en recharge rapide et 3 h 30/4 h sur une prise standard 220V. Une application mobile Audi e-tron Connect permet aussi de gérer la recharge du véhicule.
Autre mode de conduite, le mode “Hybrid Auto” gère seul les moteurs thermique et électrique en fonction des conditions. En étant activé, le GPS prendra en compte les données typologiques pour utiliser au mieux les deux moteurs pour se rapprocher tant que possible de la consommation moyenne mixte annoncée de 1,5 L/100 km et de l’autonomie de 890 km… Belle technologie !
Lorsque l’on décide d’augmenter le rythme et d’enfoncer vigoureusement l’accélérateur, le mode “Hybrid Auto” s’engage obligatoirement. Les deux moteurs s’associent pour une puissance cumulée de 204 ch et un couple de 350 Nm. Le passage de la boite en «S » anticipe alors cette association afin de gagner en réactivité.
Pour plus de sensations, le traditionnel sélecteur de mode de conduite Audi Drive Select est bien présent, mais il est ici bien diminué… Vous ne pourrez gérer que la dureté de la direction et ce mode Dynamic n’aura alors aucune influence sur le moteur, l’accélérateur, la boite ou la suspension. Notons que l’A3 e-tron ne peut hélas pas s’équiper de la suspension pilotée Magnetic Ride. Ainsi, avec des jantes 17 ou 18’ renforçant l’esthétique de l’auto qui entraînent automatiquement le recours à une suspension sport Sport, les ingénieurs ont pris le chemin d’un bon confort – il est vrai exemplaire –, ce qui est légitime vu le positionnement de l’auto. Un choix dommageable en conduite dynamique… Sachant que la voiture présente un surpoids de plus de 200 kg avec le bloc électrique et les batteries pour atteindre 1 540 kg, l’A3 présente une certaine inertie et quelques mouvements de caisse dans cette utilisation.
Par ailleurs, la nouvelle boite e-S tronic 6 qui intègre le moteur électrique et un embrayage de découplage en fonction des conditions, se montre plus paresseuse que ce que ses consœurs nous ont habitué. En outre, nous avons eu l’impression que les 204 ch n’étaient réellement atteints que pied au plancher – après un cran similaire à une zone de kickdown sur une boite automatique standard. L’expression « Boost » du constructeur se révélant alors très adaptée… De surcroît, les pertes de motricité du couple important qui déboule sur les seules roues avant finissent de nous persuader que cette A3 est dynamique (7,6 s au 0-100 km/h), mais pas sportive ! Notons que dans ce mode « S » le frein moteur est cette fois très important, ce qui peut être perturbant et nous forcer plus que de raison à garder un gaz constant… Une question d’habitude !
La meilleure des A3 ?
Voilà une question bien subjective… à laquelle nous ne pourrons pas vraiment répondre ! Nous pouvons néanmoins affirmer les progrès de l’hybride et notamment l’option rechargeable dans notre cas. En permettant une vraie utilisation électrique sans les contraintes notamment d’autonomie ou d’agrément de conduite restreint, il s’agit clairement de la meilleure solution à court terme. Cerise sur le gâteau, la technologie s’est améliorée, notamment depuis le coup d’essai de Volvo et sa V60. L’A3 et sa cousine Volkswagen Golf GTE parviennent à limiter le surpoids, la baisse de volume de coffre et le surcoût qui pouvaient être rédhibitoires sur la suédoise.
Qui plus est, le tarif de l’A3 Sportback e-tron démarre à 38 900 € en finition Ambiente, hors bonus de 4 000 € (35 g de CO2), soit même un brin moins cher que la TDI 184 S Tronic 6. Notre consommation aura été de 8,6 L sur la journée, sachant que nous avons voulu profiter des 204 ch cumulés l’après-midi, entrecoupé de phases d’Hybrid Charge, pour 48 % de thermique et 52 % d’électrique. Pas le plus « éco-friendly »…
Tablons en conduite calme sur 4 à 6 L. Nous regrettons toutefois que cette voiture ne profite pas des technologies qui font la fierté d’Audi (quattro, Audi Drive Select à sa pleine valeur et Magnetic Ride) qui la rendraient encore plus polyvalente. Néanmoins, acheter une A3 e-tron se fera surtout avec un minimum de conscience écologique – les plus sportifs iront voir ailleurs – et surtout une possibilité de recharge pour profiter pleinement des capacités de la voiture !
Cette A3 e tron ne révolutionne pas le marché des hydrides mais c’est une bonne alternative pour ceux qui font un peu de ville pour le mode électrique et les conducteur préssé qui veulent de la puissance. Evidemment avec 204 ch et le pied dedans il ne faut espérer faire du 2 litres aux 100 mais pour un prix équivalent au TDI 184 ch le choix est vite fait, je vote pour la e tron.
Pas mal mais encore trop juste en électrique face à mon opel ampéra qui à une autonomie de 45 à 85 km selon conduite et température.
Le top serai de pouvoir faire au moins 100km.
Bonjour tout le monde ! Merci pour vos commentaires intéressants. Excusez mon retard. Après Adrien le mois dernier, c’est à mon tour d’enchaîner les évènements et donc articles 😉 Je vous répond vite séparément ! Pas étonnant que cette technologie fasse parler 🙂 A revoir ! Bonne journée.
Je ne pense vraiment pas que ce genre de voiture représente l’avenir. N’importe quelle petite diesel aujourd’hui (Golf, Clio…) consomme moins de 4l/100, est donc infiniment plus « eco friendly » qu’une hybride, et en plus sans se priver du plaisir de conduire normalement, voire sportivement à l’occasion !
Sans rire, 29km en mode électrique ??? Mais il n’y a que les Parisiens à qui ça peut convenir, moi ça ne me suffit même pas pour arriver au boulot le matin, et je ne parle même pas des trajets que je fais pendant la journée !!!
Personnellement avec l’utilisation que je fais de ma voiture, les batteries seraient totalement déchargées au bout d’une demi-journée, et je roulerais donc au thermique au moins la moitié du temps. Où est l’économie ?!!
Et n’oublions pas que rouler économe, c’est aussi… la chose la plus ennuyeuse au monde ! Sans parler de l’angoisse permanente de recharger ses batteries qui est sans arrêt à l’esprit du conducteur de voiture électrique : insupportable…
Bien plus intéressante sera la voiture à hydrogène : quand est-ce que les constructeurs vont enfin s’y intéresser et la développer ???
Enfin j’y pense, qui en France voudra d’une voiture qui affiche sans complexe le nom « Etron » ?!!!
C’est certain, cette voiture n’est pas faite pour toi! Mais bien d’autres personnes pourraient l’utiliser à bon escient, c’est vrai qu’il est indispensable de pouvoir la recharger très régulièrement pour qu’elle soit plus « intéressante » financièrement.
Mais quel plaisir de pouvoir rouler en silence à la foi en ville et sur autoroute !
C’est sûr les moteurs électriques sont très agréables et puissants ! Mais l’autonomie ridicule et la recharge des batteries sont des obstacles insurmontables.
Et il n’y a pas qu’à moi que ça ne convient pas mais à 90% des automobilistes… en fait tous ceux qui n’habitent pas à Paris !
A moins d’habiter dans une grande ville où on passe plus de temps dans les bouchons qu’à conduire, c’est sûr que c’est jouable. Mais ce n’est le cas que d’une petite partie de la population, la grande majorité vit dans des petites villes ou à la campagne, avec des transports en commun totalement inadaptés à une activité de salarié, ce qui veut dire voiture obligatoire et beaucoup de kilomètres à conduire.
Pour l’instant il semble que la solution la plus prometteuse soit la pile à hydrogène, l’élément le plus abondant de l’univers (on ne risquera jamais d’en manquer !). Les seuls soucis sont techniques (extraction et sécurité), avec un peu de bonne volonté ils pourraient être très facilement résolus.
Bonjour Ricky. Selon moi, et je pense que nous sommes nombreux dans les médias auto à le penser, l’hybride rechargeable est une excellente solution pour le futur proche pour aider à diminuer les consommations et rejets de CO2. Vous compariez avec les petites diesel. Tout dépend de l’utilisation que l’on souhaite avoir de son véhicule. Des hybrides rechargeables permettent de rouler une bonne partie du temps en tout électrique sur un parcours urbain ; quand un diesel moderne a besoin de temps et de vitesse assez importante pour bien faire fonctionner son filtre à particules, sans quoi, la régénération peut avoir du mal à se faire ; attention aux frais d’entretien ! Ainsi, un diesel excelle sur autoroute : il est très clairement le plus économe, et présente l’autonomie la plus importante sur ce terrain. Hors des villes, un hybride plug-in utilisera le moteur électrique essentiellement comme « boost », mais permettra tout de même des phases de roulage en tout électrique. Aussi, sur un parcours essentiellement routier, il est probable de trouver des consommations équivalentes entre hybride essence plug-in et diesel. L’autonmie de 29 km de notre essai a été réalisée avec une forte partie rapide (110 km/h) et peut être légèrement supérieure… Dans le cas de votre utilisation, vous ne pourriez peut-être pas en effet rouler en 100 % électrique, mais déjà 60, 70% du temps, permettrait déjà de belles économies de carburant ! Rappelons qu’en roulant, notamment en décélération et encore plus en freinage, la batterie se recharge … Dans notre cas, nous avons tout de même roulé 52 % du parcours en tout-électrique, en éco-conduite le matin et conduite plus dynamique l’après-midi… A méditer ! Concernant la conduite « écologique », sachez que nous étions plusieurs lors de cette journée d’essais à aimer « avoir des watts sous le capot » et conduire sportivement… Mais croyez-moi, essayez, la conduite d’une tout-électrique est particulièrement agréable, et le couple instantanément disponible ne rend pas la conduite ennuyante ! // Sur les hybrides plug-in, recharger permettra de décupler ses possibilités de roulage 100% électrique et donc ses économies d’énergie. Pas d’angoisse ici ! Le thermique permettant déjà 500 km d’autonomie, si ma mémoire est bonne … Je ne peux que vous conseiller de vous rendre en concession essayer cette nouvelle technologie ; vous nous raconterez ! 😉
Je ne connais sinon que très peu les propositions hydrogène et ne pourrais développer ce sujet ici … A suivre !
Bravo pour cet essai très complet, rigoureux et très documenté. J ‘avoue que je suis assez impressionné par la maîtrise technique que représente cette voiture… Pour des petits déplacements urbains fréquents et à condition d’avoir accès à une borne de recharge, elle peut permettre de s’abstraire entièrement de devoir ravitailler en essence, tout en offrant un plaisir de conduite digne d’une essence. Reste à voir la fiabilité dans le temps (batterie?) mais avec cette voiture, Audi frappe fort.
Bonjour yaros78. Merci de votre retour! Votre raisonnement est très exact 😉 De possibles déplacements domicile-travail 100% électrique la semaine tout en ayant la possibilité d’effectuer des longs trajets sans frayeurs et avec de bonnes performances le week-end! Toyota a prouvé avec sa Prius que l’hybride est fiable ; je pense qu’Audi a passé suffisamment de temps à développer sa technologie pour ne pas réserver de mauvaises surprises à ses clients … Mais cela reste à confirmer 😉
Merci pour cet article très détaillé sur cette superbe auto !
Pour compléter, j’ai réalisé une petite vidéo d’un essai sur route ici :
http://essais-libres.fr/episode-2-audi-a3-e-tron-plug-in-essai-route/
Merci essais-libres 😉 Vidéo intéressante en effet !
Qu’avez-vous pensé du bruit du moteur essence à basse vitesse ? Je le trouve trop présent et désagréable.
Bonjour ORTH,
Pour l’avoir essayé sur route, cela ne m’a pas choqué, je l’ai trouvé très silencieuse même en thermiques car en électrique, il n’y a rien à dire 🙂
Bonjour ORTH. Je n’ai pas trouvé personnellement le moteur thermique essence trop bruyant. Il est vrai que l’on prend vite goût au silence du moteur éléctrique, et que n’importe quel thermique nous semblerait presque trop bruyant ! 😉