En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
Depuis 1973, Caterham – à l’origine un simple concessionnaire Lotus – perpétue l’œuvre de Colin Chapman en produisant sous son nom la Lotus Seven. Un engin hors du temps dont la philosophie “light is right” chère au fondateur de Lotus permet d’offrir des sensations uniques dans la production automobile.
En 2015, l’artisan britannique a fortement réduit sa gamme routière hors du Royaume-Uni. Si sur son marché d’origine la marque propose cinq modèles allant de 81 à 310 ch, pour les autres il faut se contenter de trois modèles : Seven 165 (81 ch), Seven 275 (135 ch) et Seven 485 (240 ch). La dernière-née de la marque étant le Seven 275, c’est celle-ci que nous avons choisi d’essayer.
Caterham nous a permis de prendre le volant de son nouveau jouet pendant 5 jours durant lesquels nous avons parcouru pas moins de 1 700 km sur routes très variées, par beau temps comme sous la pluie.
Forever young
On ne présente plus la Seven. Depuis sa naissance il y a près de 60 ans, la sympathique bouille de cette petite anglaise n’a quasiment pas évolué, le changement stylistique le plus notable étant la suppression des ailes avant remplacées par des garde-boues beaucoup moins imposants et permettant de voir le travail des suspensions depuis l’habitacle. Reconnaissable au premier coup d’œil grâce à ses phares globuleux et son look intemporel de voiture pour enfant, cet engin à peine plus long que la Mini originelle (3,10 m en châssis étroit comme notre modèle d’essai) et haut comme un gamin de cinq ans (1,09 m) ne laisse personne indifférent.
Il n’y a qu’à compter le nombre de pouces levés ou de photos prises lors du passage de notre Seven vert Kawasaki pour se rendre compte de sa cote de popularité. Motards, chauffeurs de poids lourds, automobilistes, passants, enfants, hommes, femmes tout le monde semble l’aimer. Pour certains, cela ressemble à “un gros jouet”, pour certaines “elle est toute mignonne” et pour les plus anciens “elle rappelle la voiture de la série Le prisonnier”.
Si vous voulez passer inaperçu, cette voiture n’est pas faite pour vous, surtout dans cette teinte. En revanche, si vous aimez faire des rencontres et partager votre passion de l’automobile, elle est plus efficace que n’importe quel réseau social.
Souplesse exigée
Les présentations faites, il est temps de prendre place derrière le volant. Enfin plus précisément de descendre dans l’habitacle où votre séant ne sera qu’à quelques centimètres de la route. Vous l’aurez remarqué, notre Seven 275 est équipée de l’option full weather comprenant un pare-brise dégivrant, des portières et une capote, maintenue par boutons-pressions et parfaitement étanche en cas de pluie, qui une fois pliée tient très facilement dans le minuscule coffre (qui sera quasiment plein avec un sac de sport et un casque).
La manière la plus simple de s’installer est de poser les pieds sur le siège puis de se laisser glisser dans ce dernier tout en allongeant les jambes sous le petit volant digne d’un kart. Il faudra toutefois être relativement souple et pas trop costaud pour tenir dans l’habitacle exigu. Pour les plus grands, Caterham propose deux options permettant d’agrandir l’habitacle, le plancher surbaissé qui permet de gagner un peu de garde au toit et le châssis large (+ 15 cm en longueur et + 11 cm en largeur).
La situation se complique lorsque vous devez prendre place à bord une fois la capote en place. L’ouverture des portières n’est pas très importante et impose une gymnastique particulière : glisser la jambe droite sous le volant, s’asseoir dans le siège et enfin rentrer la jambe gauche. Avant de boucler votre harnais, n’oubliez pas d’attraper la portière qui oblige à une petite contorsion pour la fixer avec le bouton-pression situé au niveau de l’épaule gauche.
Contrairement à ce que les divers boutons implantés sur le tableau de bord laissent penser, l’ergonomie est plutôt bonne, tout tombant rapidement sous la main du fait de l’étroitesse de l’auto. Il faut juste savoir à quoi correspond chaque commande, ce qui n’est pas très difficile vu leur faible nombre.
Vraie sportive
Une fois fermement maintenu par les harnais, on peut enfin mettre le contact. On tourne la clef, on déconnecte le coupe-circuit par le biais du contacteur spécifique et on appuie sur le bouton rouge à droite du volant. Le 1.6 atmosphérique de 135 ch d’origine Ford et revu par Caterham s’ébroue dans un vacarme emplissant l’habitacle. De l’extérieur en revanche, le bruit du quatre-cylindres n’est pas si présent qu’il n’y paraît, du moins temps que vous n’enfoncez pas au maximum la pédale de droite.
Sur notre modèle d’essai, une Seven 275R (modèle au sommet de la gamme, le plus apte à une utilisation sportive/piste), le moteur est accouplé à la boîte optionnelle à 6 rapports au lieu de la boîte 6 de série. Ultra-courte, elle permet de déplacer sans aucun souci les 540 kg de l’engin. Caterham annonce d’ailleurs un 0 à 100 km/h en 5″0, ce qui est aussi bien qu’un Cayman S de 325 ch, et une vitesse maximale d’environ 200 km/h.
Plaisirs simples
Si ces chiffres sont plus qu’honorables vu la faible puissance du moteur, ce ne sont pas eux qui vous feront apprécier une Caterham mais le flot de sensations qu’elle distille. Quasi-allongé à quelques centimètres du sol, on découvre la route autrement. Pas besoin d’aller vite pour en avoir pour son argent, rouler aux limitations légales est amplement suffisant.
En ville, l’auto s’intègre sans trop de soucis dans le flot de la circulation et se manœuvre relativement facilement malgré un rayon de braquage catastrophique, sa taille de lilliputienne palliant se problème. En revanche, il faut être très vigilant car l’auto est tellement basse que les autres usagers de la route ne vous voient quasiment pas, notamment lorsqu’ils sortent d’une place de parking. Jetez un coup d’œil à notre galerie photos pour voir qu’à côté de la Seven, une Elise paraît immense. Et que dire de ce Dodge Ram que nous avons croisé ou encore des poids lourds semblables à de véritables murs roulants sur autoroute…
Pour profiter de tout le potentiel de l’auto et prendre le plus de plaisir à son volant, il faut sortir des villes, quitter les grands axes et se rendre sur le réseau secondaire. Si possible, choisissez un tronçon sinueux. Là, l’auto se montre très agile. Particulièrement rigide, elle vire d’un bloc, allant précisément là où vous le souhaitez, donnant la sensation de faire corps avec elle.
Cette sensation est renforcée par l’absence totale d’assistance, impliquant le conducteur dans chacune de ses décisions. La direction se montre ultra-directe (moins de deux tours de volant de butée à butée) et très ferme mais n’implique pas d’avoir des bras de bûcheron. En revanche les pédales d’embrayage et de frein, dont la dureté et la course sont dignes d’un véhicule de compétition, demandent d’avoir de solides mollets. Le levier de vitesses, au débattement extrêmement réduit, requiert d’être fermement manipuler sous peine de ne pas passer le rapport désiré. Cette dureté impose quelques notions de talon-pointe pour rétrograder sans trop de difficulté.
Aussi à l’aise sur route que sur piste
La Seven 275R que nous avons essayé disposait de suspensions totalement réglables ainsi que du pack Trackday (petites roues en 13 pouces au lieu de 15, chaussées en Avon CR500, un pneu semi-slick conçu spécialement pour Caterham). Caterham n’a pas précisé quels ont été les réglages choisi mais ceux-ci se sont avérés particulièrement bons. L’auto s’est montrée très saine dans ces réactions, y compris sous la pluie et malgré la présence d’un autobloquant où quelques glisses ont été facilement rattrapées. Le confort est tout à fait acceptable, la moindre aspérité de la route même sur chaussée fortement dégradée est absorbée et les longs trajets ne tournent pas à la séance de masochisme que l’on pourrait imaginer. Le bruit ambiant et les nombreuses turbulences dans l’habitacle auront raison de vous bien avant que votre dos ou votre postérieur ne donnent des signes de fatigue.
Grâce à nos confrères de Motorsport, nous avons pu faire quelques tours sur la piste Club de Nevers Magny-Cours. Comme sur route, le roadster anglais a fait preuve d’une belle efficacité, contenant sa prise de roulis et permettant au pilote de se faire plaisir et de chercher ses limites sans aucune arrière-pensée. La boîte courte permet d’excellentes relances et le freinage est à toute épreuve. La motricité des minuscules pneus en 175/55 R 13 n’est jamais prise en défaut et les vitesses de passages en courbes sont relativement élevées. En revanche, il ne faut pas une ligne droite beaucoup trop longue, la vitesse maximale étant rapidement atteinte.
Commercialisée à partir de 29 995 €, mais pouvant coûter bien plus cher suivant la finition (275, 275S ou 275R) et les options choisies (notre modèle d’essai valait 40 020 €), la nouvelle Caterham Seven 275 n’est pas ce qu’il y a de plus bon marché. D’autant plus que la finition, enfin son absence, laisse parfois incrédule au regard du prix demandé et que l’utilisation d’un tel engin est assez restreinte. En revanche, dans cette tranche de prix, aucune voiture actuelle ne sera capable de vous procurer autant de plaisir.
Par ailleurs, si le prix de base est relativement élevé, l’auto se rattrape sur son coût d’entretien, ses pneus ne valant pas bien chers et les consommables (pneus et freins) ne s’usant que très peu grâce à son faible poids. Enfin, même en usage piste, la consommation d’essence n’est pas excessive avec une moyenne inférieure à 7 l/100 km sur la totalité de notre essai.
La vidéo de l’essai
Embarquez avec nous quelques instants à bord de cette Anglaise…