En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
Une carrosserie shooting brake sur le segment C ? De la part d’un constructeur généraliste ? Il fallait oser, et c’est Kia qui s’y est collé. Plus stylée qu’une Ceed SW, plus sportive qu’une Ceed 5 portes, la ProCeed s’adresse à ceux que le conformisme exaspère. C’est à Barcelone que s’est déroulé l’essai de la nouvelle asiatique, entre route et circuit.
Lors de la présentation statique de la ProCeed il y a quelques mois (cliquez ici pour la découvrir sous tous les angles), je ne cachais pas mon enthousiasme. Il faut dire que le service communication de la marque n’a pas mâché ses mots : il n’y aura pas de Ceed GT 5 portes chez nous (elle est toutefois disponible sur d’autres marchés), c’est donc à la ProCeed que revient la tâche de combler les conducteurs pressés en quête d’une auto moins sage que la Ceed. La finition GT se caractérise par une présentation visuelle un peu plus expressive (boucliers, jantes, diffuseur, double sortie d’échappement, badges spécifiques …) mais surtout, elle introduit un inédit 4-cylindres 1.6 turbo de 204 ch et 265 Nm. En France, il est obligatoirement couplé à la boîte à double embrayage DCT7. Pourquoi ? Une question bête de fiscalité : ainsi gréée elle se contente d’un malus de 850 €, alors que ce dernier atteindrait 2 500 € chez nous avec une boîte en H. Sur une voiture à 35 000 €, le choix est raisonnable…
Ça pousse
La bonne nouvelle, c’est que ce nouveau bloc est plein de santé. Bien plus rageur que ce à quoi je m’attendais, il n’a aucun mal à propulser les 1 363 kilos de la ProCeed GT à des vitesses rapidement répréhensibles. Il fait preuve d’une belle rondeur entre 2 500 et 5 500 trs/min, une plage d’utilisation assez large et pratique au quotidien. Au-dessus, c’est du bonus ! La poussée s’essouffle un peu, mais le sonorité reste, elle, salement entraînante. C’est la bonne surprise que je n’osais imaginer : alors que la Stinger offre un bruit totalement étouffé, la ProCeed profite d’un échappement actif qui lui donne un joli timbre rauque en bas du compte-tours et plus métallique en haut. Impossible de la rater quand elle débarque et c’est assez drôle de capter le regard incrédule des passants quand ils se rendent compte que c’est une Kia à l’apparence élégante qui les sort de leur torpeur. De son côté, la boîte DCT7 -que l’on connaît déjà bien- lisse un peu la courbe de couple, mais elle se montre suffisamment rapide pour encaisser la fougue du 1.6 tout en restant très douce en conduite coulée. Dommage de constater qu’elle est un peu trop dirigiste et refuse parfois de rétrograder ou de monter un rapport quand on la sollicite avec les palettes au volant. Autant la laisser gérer toute seule en mode Sport, même si l’implication du conducteur en prend un coup.
Bien évidemment, une mécanique vivante ne serait rien sans un châssis au poil et c’est fort heureusement un point sur lequel les ingénieurs se sont franchement lâchés. Dites adieu au confort, la ProCeed GT est ferme quel que soit le mode de conduite sélectionné (suspension passive), voire sèche quand la chaussée se dégrade. Par contre, quel efficacité ! Je me suis réellement amusé à l’emmener sur le beau circuit de Castelloli, dont le relief met l’équilibre des autos qui l’arpente à rude épreuve. Contre toute attente, le train avant fait preuve d’un grip surprenant et plonge vers la corde tandis que l’arrière suit sans rechigner. Il peut même gentiment pivoter en entrée de courbe une fois l’ESP très castrateur désactivé. Au fur et à mesure des tours, les freins perdent fatalement en efficacité mais l’attaque à la pédale est rassurante et le freinage suffisamment puissant pour ralentir efficacement la ProCeed. Le bel équilibre dont elle fait preuve permet aussi de s’amuser sur route, même à des vitesses raisonnables. Seul point noir qui vient ternir ce joli tableau, la direction ne renseigne pas assez sur l’état de la route. La précision n’est pas mauvaise, mais le calibrage choisi induit un sentiment de déconnexion avec ce qui se passe en-dessous.
Pari réussi
Kia le sait, dans le groupe c’est à Hyundai que revient le rôle de proposer des modèles vraiment sportifs, via la griffe N. Officiellement donc, la ProCeed GT ne peut pas être qualifiée en tant que telle. Elle s’en approche pourtant dangereusement, n’en déplaise aux détracteurs de la marque. J’irais même jusqu’à dire qu’une bonne trentaine de canassons supplémentaire lui siérait à merveille. Et le mieux dans tout ça c’est qu’avec les finitions GT Line et GT Line Premium, la ProCeed plaira aussi à ceux qui privilégient le look à la performance. Sur 8 000 Ceed produites en 2019 toutes carrosseries confondues, Kia prévoit d’y intégrer 2 000 ProCeed. Le constructeur coréen poursuit donc sur sa lancée, en faisant son beurre sur les Picanto et Sportage tout en proposant des modèles destinés à renforcer son image de marque, sans oublier de miser sur l’électrification. C’est risqué mais ça marche, les ventes de la marque ne cessant de battre des records au fil des ans. Le futur ? Brillant, d’après les prévisions de croissance (+ 45 % de volume de vente depuis 2015). Quant à la famille Ceed, elle attend un heureux évènement pour la fin de l’année, sous la forme d’une quatrième carrosserie qui s’annonce XCtante.
Mise à jour :
La compacte 5 portes Ceed est désormais disponible en version GT chez nous, avec le même 1.6 turbo que la ProCeed présentée dans cet essai. Elle démarre à 32 490 €.
Sympa comme essai 🙂
En revanche une Ceed GT 5 portes a vu le jour depuis…
Merci ! En effet, l’équipe de communication de Kia nous a pourtant martelé que nous n’y aurions pas droit, mais il semblerait que la Ceed GT soit maintenant disponible dans la gamme.