En roulant en Suède pour l’essai de la Skoda Octavia Combi, j’ai été surpris par le nombre de breaks que l’on croise sur les routes. Le parc automobile suédois ne ressemble pas au parc français. En effet, on retrouve beaucoup moins de SUV dans le pays scandinave alors…
La DS 9 arrive enfin. Après un an d’attente, la berline du constructeur français débarque finalement chez nous. Malgré sa fabrication en Chine, la DS 9 mérite-t-elle son statut de haut de gamme français ? Réponse dans cet article.
Attendue ! C’est le moins que l’on puisse dire à propos de cette nouvelle DS 9. Devant initialement être présentée au salon de Shangai en 2019, puis au salon de Guandzhou (en Chine), elle fera finalement sa première apparition lors d’une présentation numérique, qui remplace le salon de Genève annulé pour cause de Covid-19, en mars 2020.
Une nouvelle berline est, en ces temps de tout SUV, un petit événement en soi, surtout lorsqu’elle est française, et encore plus lorsque celle-ci souhaite s’attaquer aux références allemandes que sont les indéboulonnables Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes Classe E (avec qui elle partage une taille de 4,93 m). Son arrivée permet aussi à DS d’étoffer et diversifier son offre jusqu’à présent entièrement dédiée aux SUV avec les DS 3 et DS 7 Crossback. Si elle a été initialement conçue pour le marché chinois (elle est produite en Chine et déjà commercialisée dans l’Empire du Milieu depuis août 2020, elle débarque cependant chez nous avec de solides arguments, à commencer par une ligne qui ne ressemble à aucune autre et un confort royal.
Le plein de détails
Depuis sa première apparition voilà un an, la ligne de la DS 9 est bien connue. On retrouve un profil de coupé berline aux poignées de porte rétractables et aux jantes diamantées 19 pouces arborant une jolie couleur subtilement cuivrée sur certaines parties. La DS 9 arbore quelques gimmicks stylistiques de la marque, mais aussi quelques clins d’oeil au passé et à la DS originelle.
De face, et comme sur les autres modèles de la marque, on ne peut manquer la large calandre hexagonale et les DS Wings, ces éléments chromés venant souligner les optiques LED à fond noir (reprenant la petite animation de démarrage du DS 7 Crossback) ou encore de l’éclairage de jour en position verticale. À l’arrière, les feux adoptent un motif en écaille du plus bel effet. Ces derniers sont soulignés par une large pièce chromée rejoignant quasiment les passages de roues.
Sur le grand capot de la DS 9 se trouve une imposante pièce de métal guilloché dans le prolongement du logo. Cela rappelle le jonc chromé trônant sur le capot de la DS De 1955. Autre rappel au passé, les feux de position ont été placés en haut de la lunette arrière, là où se trouvaient les clignotants sur la première DS .
Dans l’ensemble, le dessin de la DS 9 apparaît équilibré et évite l’écueil de la surcharge, bien que de nombreux détails parcourent sa carrosserie. Et si certains pourraient lui reprocher son abondance de chrome, il est possible, en finition Performance Line +, d’opter pour un traitement sombre (à l’image du Black Pack de Peugeot). Cependant, cette option est seulement réalisable en association avec une des teintes foncées du nuancier de la berline.
Du cuir partout
Alors que l’on s’approche de notre exemplaire couleur Cristal Pearl, les poignées de porte affleurantes sortent de leur emplacement. On rentre alors dans un habitacle entièrement tendu de cuir et ce, jusqu’aux poignées de maintien. Notre modèle est en effet doté du pack optionnel Opéra (4 950 €) rouge rubis donnant accès aux sièges en cuir bracelet de montre ou encore à la planche de bord recouverte de cuir Nappa. Une matière qui sert aussi à habiller entièrement le volant. La qualité de finition, sans atteindre le niveau d’une Audi A6 est tout de même excellente. Les matériaux choisis avec soin, comme par exemple les commandes disposées sur la console centrale en aluminium guilloché, participent à cette ambiance haut de gamme. Enfin, comment passer à côté de l’horloge signée BRM qui se déploie lors de la mise de contact, ou de la thématique des losanges cher à la marque.
On retrouve les inconditionnels du moment avec une dalle paramétrable faisant office de compteur ou encore un large écran tactile de 12 pouces trônant au centre de la planche de bord. Sous ce dernier se trouvent des touches sensitives de raccourcie permettant de naviguer plus facilement entre les différents menus.
Des places arrière classe affaire
La DS 9 repose sur la plateforme EMP2, comme de nombreux modèles PSA (508, 3008, 5008…), mais sous sa forme la plus allongée. Elle profite ainsi d’un empattement de 2,90 m lui permettant d’offrir à ses passagers une place aux genoux conséquente. En plus de pouvoir étendre ses jambes confortablement au deuxième rang, on profite d’une assise moelleuse et surtout, de sièges chauffants, ventilés et massants et du contrôle de la climatisation (si vous avez opté pour le pack Opéra, qui vous privera en revanche de la banquette rabattable 2/3 – 1/3). Délicate attention de la part de DS, vous aurez en plus pas moins de 4 prises USB de type A à votre disposition. De quoi passer d’agréables voyages longue distance.
3 motorisations et pas de diesel
Si les concurrentes allemandes disposent d’un riche catalogue de motorisation, la DS 9 se contente de 3 moteurs : un 100 % thermique et deux hybrides rechargeables. Tous s’alimentant au sans plomb. Un choix osé sur un segment ou le diesel est pourtant encore fortement plébiscité par les clients.
Le 1.6 Puretech non assisté électriquement développe 225 ch et 300 Nm de couple. De même puissance, la version E-Tense 225 cumul 180 ch thermiques et 110 électrique (les puissances n’étant pas délivrées de façon identique, elles ne peuvent simplement s’additionner) pour un couple total de 360 Nm. Enfin, une version E-Tense 360 4×4 ajoute un deuxième moteur électrique de 113 ch sur le train arrière afin de profiter de quatre roues motrices, de 360 ch et 520 Nm de couple. À terme, une future déclinaison 250 ch viendra s’ajouter à l’offre.
Quelle que soit la motorisation choisie, la boîte automatique EAT 8 est imposée. Les versions hybrides profitent d’une batterie de 11,9 kWh qui nécessite entre 1h30 (wallbox de 7,4 kW) et 7 h (prise secteur classique) pour être totalement chargée. Si la version 360 ch n’a pas encore officialisé sa consommation et son autonomie électrique, la DS 9 E-Tense 225 annonce pouvoir parcourir un maximum de 48 km sur une seule charge.
Comme un canapé
Nous prenons la route au volant d’une DS 9 E-Tense 225. Par défaut, la voiture démarre automatiquement en mode hybride privilégiant la propulsion électrique à basse vitesse. Lorsque l’on souhaite accélérer, le quatre cylindres se met en route suffisamment discrètement pour ne pas troubler la quiétude régnant à bord. Malgré les 1 839 kg de l’ensemble (mais les rivales allemandes équivalentes le sont bien plus en dépassant les 2 tonnes), les accélérations sont assez vigoureuses pour emmener l’auto avec entrain. Le 0 à 100 km/h est effectué en 8,3 secondes et la vitesse maximale pointe à 240 km/h sur les autoroutes allemandes.
Equipée du DS Active Scan (une caméra qui scanne la route en amont de la voiture afin d’adapter l’amortissement en temps réel), la DS 9 filtre toutes les imperfections de la chaussée afin de profiter d’une sensation de tapis volant. Mais heureusement, pas de risque de sensation de mal de mer comme dans la DS originelle. Bien que des mouvements de caisse puissent apparaître en cas de conduite plus dynamique, cela reste modéré. Il suffit de rebasculer en mode hybride, voire sport pour un maintien plus rigoureux.
Dans ce dernier mode, l’amortissement se fait plus ferme, mais sans jamais devenir inconfortable et la direction se durcit. Mais la boîte EAT8 a alors tendance à maintenir le rapport engagé de façon inutilement longue, même à vitesse stabilisée. Menée bon train, la DS 9 fait oublier son poids et passe les virages à vive allure. Evidemment, une fois arrivée aux limites, les kilogrammes ce rappellent à notre bon souvenir et l’auto a alors tendance à élargir la trajectoire. Mais, du moins sur chaussée sèche et en respectant les limitations de vitesse, il y a peu de chance que cela vous arrive bien souvent.
Après avoir rapidement pris le volant de la DS 9 équipée de la motorisation Puretech 225, on ressent tout de suite les près de 300 kg de batterie en moins (1 540 kg) avec un comportement routier plus vif. Mais la suppression de la chaîne de traction électrique amène moins de douceur au quotidien, notamment en bas du compte-tour, et forme finalement une proposition moins aboutie. La version 360 ch, quant à elle, apporte un vrai plus en matière de performance avec une puissance supplémentaire et la possibilité de rouler en quatre roues motrices tout en bénéficiant d’un amortissement et d’une direction recalibrés pour un meilleur ressenti.
Un équipement complet
Niveau tarif, la DS 9 se trouve bien placée face à la concurrence. Elle démarre en effet à partir de 47 700 € en motorisation Puretech 225 et grimpe jusqu’à 69 400 € en déclinaison PHEV 360 4×4. La gamme de la DS 9 s’organise de façon simple avec deux niveaux de finition : Performance Line + et Rivoli +. L’équipement s’avère déjà complet dès l’entrée de gamme avec notamment toutes les aides à la conduite actuelles (freinage auto d’urgence, alerte d’angle mort, régulateur adaptatif, maintien dans la voie etc.). Les écrans sont aussi présents avec une instrumentation numérique de 12 pouces et un écran tactile central de 12 pouces également. La bonne insonorisation à bord est notamment obtenue grâce aux vitres latérales feuilletées et au pare-brise acoustique. Les sièges avant électriques et chauffants sont de série alors que l’amortissement DS Active Scan n’est accessible que sur les versions hybrides.
La finition Rivoli + ajoute la sellerie cuir, les sièges avant ventilés et massants, la caméra 360 ou encore la conduite semi-autonome de niveau 2. Elle donne aussi accès au pack optionnel Opéra ajoutant plus de confort aux places arrière, une sellerie cuir bracelet de montre et du cuir nappa, noir ou rouge, étendu sur la planche de bord.
Bilan
Cette DS 9 propose une alternative crédible à l’incontournable trio allemand. Si la qualité de finition reste encore légèrement en deçà des meilleures (avec quelques plastiques grossiers trainant dans l’habitacle), elle est très proche des références de la catégorie. La place proposée à l’arrière est très généreuse et peut offrir des raffinements fort appréciables comme les sièges ventilés et massants. La technologie est au niveau avec tout l’attirail en vogue (conduite semi-autonome de niveau 2…) et quelques options appréciables comme avec la vision nocturne (1 250 €) ou une hifi Focal (1 200 €) d’excellente qualité. On regrettera cependant l’absence totale de vision tête haute (rendue impossible par l’implantation du pare-brise et du combiné numérique). Le confort est celui que l’on attend d’une DS avec un amortissement capable de survoler la route et ses imperfections. Plus personnel, le style, qu’il soit intérieur ou extérieur, a le mérite de se différencier des autres propositions du marché.
Cependant, son offre moteur réduite à seulement trois propositions, et se passant de diesel, pourrait limiter ses ventes. Ses concurrentes offrent un large choix de bloc que ce soit en matière de puissance ou de carburant. Une autre ombre pourrait venir ternir le tableau. En effet, prévue initialement pour le marché chinois, la DS 9 est assemblée en Chine. Une donnée qui pourrait freiner de nombreux clients pour qui le “made in china” à encore une bien mauvaise réputation et ne résonne pas vraiment haut de gamme. Un obstacle d’autant plus important que DS n’a pas encore la réputation des références établies sur le marché.