Essai Opel Frontera (2025) : son petit prix peut-il faire accepter ses défauts ?

Opel relance un nom ancien : il s’agit du Frontera. À la base un tout-terrain partageant des origines japonaises, cette nouvelle génération est un véhicule électrique ou hybride n’ayant de baroudeur qu’une simple évocation dans le nom. Ce cousin du Citroën C3 Aircross mérite-t-il votre intérêt ? Pour le savoir, nous avons pu prendre le volant de l’Opel Frontera lors de son lancement international.

Look : sans faire de vague

Qu’on se le dise tout de suite, le design de l’Opel Frontera est très plat, très lisse. On retrouve à l’avant le Vizor d’Opel, que l’on connaît déjà sur la Corsa ou le Mokka, mais cette calandre a moins de caractère que sur l’autre SUV compact de la marque. Le ski avant est gris sur la version haut de gamme GS. De profil, on retrouve des jantes en alliage ou en tôle de couleur blanche sur la version Edition, ainsi qu’un toit noir ou blanc selon la version. La ligne de toit est particulièrement droite pour favoriser l’espace à bord.

À l’arrière, on remarque un hayon et une lunette particulièrement verticaux, le nouveau logo de la marque et l’inscription Frontera. Il faut dire que les ajustements des panneaux de carrosserie de notre version d’essai laissaient à désirer. Le hayon n’avait pas le même écart entre les ailes droite et gauche. Au toucher, on a le sentiment que l’épaisseur du métal a été réduite au minimum. Cela ne fait pas très qualitatif, surtout pour le prix de cette version électrique annoncée à 29 000 euros – nous y reviendrons.

En ce qui concerne les dimensions, l’Opel Frontera mesure 4,38 m de long, pour 1,63 m de haut et 1,79 m de large. Vous l’aurez compris, l’Opel Frontera n’est pas la réussite stylistique de l’année, ni même l’Opel par Stellantis la plus aboutie. Espérons que ce SUV se rattrape ailleurs.

Habitacle : une planche de bord bien Opel mais des finitions qui laissent à désirer

Passons maintenant à l’habitacle de l’Opel Frontera : vous aurez de la place pour 7 personnes. Oui, oui, vous avez bien lu, 7 personnes dans 4,38 m, ce qui en fait l’une des voitures 7 places les plus compactes du marché. La troisième rangée peut avoir un intérêt si vous devez transporter des enfants. L’accès à bord est facile : Opel a fait en sorte de maximiser la taille des portières pour faciliter la montée ou la descente de la voiture. Bon point.

Une fois installé dans l’habitacle, vous vous rendrez compte que les sièges Intelli-Seat sont pensés pour le confort. Opel annonce une réduction de 15 % de la fatigue du conducteur. On doit les croire sur parole, car il est difficile de quantifier 15 % de repos supplémentaire après un trajet. Contrairement à certains véhicules du groupe Stellantis, régler le siège de l’Opel Frontera est facile grâce à des manettes accessibles. Opel n’a pas fait l’erreur de Peugeot avec la 208, qui dispose d’une molette insaisissable correctement sur le côté du siège. Un mot sur la banquette arrière : elle permet d’installer adultes et enfants convenablement, d’autant plus avec l’absence de tunnel de transmission. Avec la finition GS, deux prises USB-C sont présentes à l’arrière, ce qui est pratique !

Bien que l’Opel Frontera partage toute la technique avec le Citroën C3 Aircross, la planche de bord est totalement différente. Il s’agit d’un design Opel, avec un volant à 3 branches plutôt grand et une jante assez saillante en main. Opel a fait le choix de conserver un écran de 10 pouces pour les compteurs, contrairement à Citroën, qui a réduit la taille de l’afficheur au minimum. Mais peut-être qu’Opel aurait mieux fait de faire de même si ce grand écran de 10 pouces ne peut pas afficher la consommation électrique, un gros manque selon nous. Un écran d’infodivertissement tactile est orienté vers le conducteur. Pour s’en servir correctement, il faut connecter son téléphone via Apple CarPlay ou Android Auto. Les fonctions de la voiture en matière de navigation et de planification d’itinéraire sont limitées par leur absence. Attention : les versions d’entrée de gamme n’ont pas cet écran tactile, mais seulement une station pour smartphone avec une prise permettant de conserver l’usage des commandes au volant pour la musique et le volume, par exemple. Après avoir été habitués à avoir des écrans dans l’immense majorité des voitures modernes, revenir à un système plus basique nous déstabilise un peu, surtout en rappelant le prix de 29 000 euros de cette version électrique.

Mais ce qui est le plus embêtant, c’est la qualité des matériaux utilisés pour une voiture approchant les 30 000 euros en entrée de gamme. Tous les plastiques sont durs et les ajustements sont parfois hésitants. Opel n’a même pas fait l’effort d’ajouter un revêtement plus élégant ou un peu plus qualitatif sur la poignée de porte de la finition Edition. On comprend la nécessité de faire des économies pour vendre des voitures abordables, surtout avec les attentes technologiques qui se sont accrues. Cependant, le client doit tout de même débourser 24 500 € pour la motorisation 136 chevaux hybride 48 volts, un moteur que l’on retrouve dans de nombreuses voitures Stellantis, allant de la Lancia Ypsilon au Peugeot 5008.

Le coffre est intéressant. Le plancher peut se coulisser sur plusieurs positions permettant soit de segmenter le rangement ou bien de d’augmenter le volume aux 460 litres annoncés par le constructeur. En rabattant la banquette 60/40, il sera possible d’atteindre le volume de 1600 litres.

Motorisation : une autonomie et une puissance pensées pour la ville

L’Opel Frontera réutilise la motorisation électrique de la désormais célèbre Citroën ë-C3. La citadine électrique de Citroën est équipée d’un moteur électrique de 113 chevaux et d’une batterie de 44 kWh. L’Opel Frontera utilise ces éléments pour atteindre une autonomie WLTP annoncée de 305 km.

L’Opel Frontera pourra s’aventurer en ville et en milieu périurbain, mais attention si vous comptez prendre l’autoroute : dépasser 200 km avec une charge paraît difficile, d’autant plus qu’aucun affichage de la consommation ne permet de suivre l’usure énergétique du véhicule à 130 ou 110 km/h. La charge sur les bornes rapides n’excède pas 100 kW au meilleur de la courbe de charge. Il faut environ 26 minutes pour charger à 80 %, selon Opel. Sur une prise domestique, la puissance maximale est de 7,4 kW, ce qui nécessite environ une demi-journée pour charger la voiture entièrement. Un chargeur 11 kW est disponible en option.

Pour les personnes craignant d’avoir trop peu d’autonomie, une version Long Range doit arriver en 2025. Opel promet plus de 400 km d’autonomie sans pour autant préciser la taille de la batterie ni la puissance du moteur.

Conduite : doucement dans les virages

Nous avons pu essayer l’Opel Frontera sur les routes de Majorque. Si vous ne connaissez pas l’île, voici un bref résumé de sa topographie : l’est de l’île est relativement plat avec des routes rectilignes pour la plupart. À l’ouest, une chaîne de montagnes se dresse avec des routes sinueuses et des paysages dignes de la Corse. En recevant l’invitation à essayer l’Opel Frontera, je m’attendais à rouler à l’est et à profiter des belles lignes droites, mais l’organisation d’Opel a souhaité nous envoyer vers les montagnes. Un choix plutôt audacieux qui nous a permis de découvrir les qualités (et les défauts) du Frontera dans les virages.

Et les qualités ne sont pas très nombreuses lorsque la route tourne. Les pneus atteignent rapidement leurs limites sur notre version électrique : les 113 chevaux suffisent à mettre en défaut la motricité dès que la route devient légèrement humide. Plus globalement, la voiture prend du roulis, un phénomène lié au poids de cette version électrique (1 589 kg) et au tarage des suspensions favorisant le confort. Heureusement, la direction est plutôt directe : même si elle ne transmet pas beaucoup d’informations, nul besoin de « tricoter » avec le volant, car la démultiplication reste raisonnable.

Concernant la puissance, les 113 chevaux nous laissent clairement sur notre faim. Lorsque l’on accélère, on a l’impression que ce moteur est bloqué en mode éco, bridant l’arrivée de la puissance. Les performances n’ont rien d’exceptionnel avec un 0 à 100 km/h en 11,6 secondes et une vitesse de pointe à 143 km/h. Concernant le freinage régénératif, Opel a choisi de ne pas en proposer davantage que celui de base. Alors que les voitures électriques de 136 et 156 chevaux du groupe Stellantis disposent, près du sélecteur de vitesse, d’un mode « B » (Brake) pour augmenter la décélération régénérative, le Frontera adopte l’approche inverse. Le mode Drive offre une décélération de 1,2 m/s² tandis que le mode Comfort réduit celle-ci à 0,8 m/s². D’après Opel, ce mode est pensé pour la conduite sur autoroute et favorise la consommation en privilégiant la roue libre. On ne peut d’ailleurs pas parler de consommation électrique, car celle-ci n’est affichée nulle part dans la voiture.

L’Opel Frontera est donc un SUV usurpant quelque peu son appellation. L’acronyme désigne « Sport Utility Vehicle », mais le premier terme ne s’applique pas au Frontera. Ce SUV s’apprécie davantage en conduite urbaine, où ses suspensions souples et ses pneus à flancs hauts augmentent encore l’absorption des chocs.

Prix et conclusion

L’Opel Frontera débute à 24 500 euros avec la motorisation hybride 136 e-DSC6. Pour la version électrique, le prix s’élève à 29 000 euros avant déduction du bonus écologique. Certes, il figure parmi les SUV électriques les moins chers du marché. Mais au regard des prestations proposées, cela reste relativement coûteux. Par exemple, il est possible de s’offrir une Volkswagen ID.3 à partir de 27 990 euros grâce à une offre promotionnelle pour cette fin d’année 2024. La compacte de Volkswagen est plus puissante et offre également une meilleure autonomie.

On ne peut même pas dire que cette version électrique concurrence le Dacia Duster, puisque le SUV franco-roumain ne propose pas encore de motorisation électrique. Le Frontera peut néanmoins séduire une partie des automobilistes à la recherche d’un SUV équivalent au Duster en termes de prix et de dimensions, mais avec une motorisation électrique. La motorisation hybride, quant à elle, se positionne en concurrence directe avec celle du Duster. Cependant, sauf à opter pour une version 7 places, le Dacia Duster reste plus pertinent. Sa troisième génération propose un style plus affirmé, un éventail de motorisations plus large et la possibilité d’opter pour quatre roues motrices.