Après 28 ans de carrière, on aurait pu penser qu’Audi avait déjà tout imaginé pour sa berline compacte l’A3. En effet, l’instigatrice des petites berlines premiums a connu de nombreuses déclinaisons. D’abord en 3 portes puis en Sportback 5 portes dès la seconde génération, elle a aussi eu droit à une version découvrable ainsi qu’une berline. Sans compter les versions sportives S3 et RS 3. Toutefois, l’Audi A3 n’avait pas encore eu droit à sa version baroudeuse. Le constructeur aux anneaux montre qu’il a encore de la ressource avec la nouvelle A3 allstreet, une version « SUVisée ». Nous avons pu en prendre le volant sur les routes exigeantes des montagnes de Palma de Majorque.
L’Audi A3 allstreet, qu’est-ce que c’est exactement ?
Audi A3 allstreet ? Vous n’avez jamais entendu ce nom auparavant sur le modèle ? C’est normal, il s’agit d’une nouvelle version de l’A3 de quatrième génération restylée. Mais qu’est-ce qui différencie vraiment cette allstreet ?
Tout d’abord, vous devez remarquer une garde au sol surélevée de trois centimètres : 1,5 centimètres grâce à des roues de plus grande circonférence, et 1,5 centimètres par la suspension. À cela s’ajoutent des éléments distinctifs comme le bouclier avant avec une grande calandre en nid d’abeilles, plus proche des SUV de la gamme Q d’Audi. Il y a aussi ces inserts en effet aluminium, que l’on retrouve également sur le bouclier arrière.
De profil, l’Audi A3 allstreet se distingue par une protection de carrosserie noire et des jantes spécifiques, de 19 pouces sur notre version d’essai. Pour affirmer cette berline compacte comme une baroudeuse, Audi l’équipe de barres de toit en noir mat. Enfin, on remarque des badges noirs et l’inscription « Audi A3 allstreet » sur le montant B.
Il faut donc voir cette A3 allstreet comme la version allroad que l’on connaissait sur l’Audi A4 : une version semblant prête pour l’aventure, à mi-chemin entre un SUV et une berline. En revanche, l’Audi A3 allstreet n’est pour l’instant pas proposée avec la transmission intégrale quattro, contrairement aux versions allroad.
Blinding lights
L’Audi A3 allstreet hérite des évolutions de l’Audi A3 restylée, notamment les projecteurs avant. Audi a pris l’habitude d’innover sur l’éclairage. Le constructeur aux anneaux a compris très tôt que la lumière fait partie intégrante du design d’un véhicule. Les signatures lumineuses à LED ont été revues à l’avant et à l’arrière. Le plus intéressant se passe à l’avant. Les nouvelles Audi A3, A3 allstreet et S3 ont une signature lumineuse personnalisable.
Vous pouvez choisir entre quatre designs lumineux directement via l’écran central de votre Audi. Le constructeur aux anneaux accompagne cette nouveauté par l’argument de la distinction. Certes, vous pouvez changer un peu l’apparence de votre A3, mais cela ne révolutionne pas le regard du véhicule.
Cependant, la signature lumineuse de ces nouvelles versions de l’Audi A3 contribue à donner un aspect statutaire et affirmé.
Le temple du plastique moussé
Dans l’habitacle, peu de nouveautés pour l’allstreet mais plus généralement pour l’A3. Cette version restylée garde le même design intérieur. La présentation est chic avec des matériaux de qualité. Comme à l’habitude du constructeur, la majorité des plastiques sont moussés. Sur la route, seul le plastique de la console centrale, en contact avec votre jambe, peut se montrer un peu raide si vous prenez appui dessus.Avec le pack S Line de notre essai, le volant est en cuir avec des perforations sur les parties les plus utilisées, la planche de bord reçoit un insert en Alcantara, les sièges sport sont en cuir avec des surpiqûres grises et ont les réglages électriques. Ainsi configurée, l’Audi A3 allstreet fait plus dans le chic que dans l’esprit d’aventurier.
Le bon compromis entre technologies et commandes physiques
À bord, vous retrouvez évidemment des écrans numériques. Audi a fait du Virtual Cockpit un élément essentiel de ses habitacles. Il est accompagné d’un affichage tête haute. Un écran central tactile est aussi de la partie, ce dernier ayant une réactivité au toucher comparable aux meilleurs smartphones.
Malgré les écrans, Audi a le bon goût de ne pas retirer toutes les commandes physiques. La climatisation a encore ses boutons sur la console centrale, le passager peut lui aussi régler facilement le volume du média joué avec une commande sur la console centrale, les sièges chauffants ont un bouton dédié tout comme le régulateur de vitesse sur un commodo derrière le volant ou encore un bouton rapide pour accéder aux ADAS et même un raccourci pour enlever facilement l’aide au maintien dans la voie.
En essayant régulièrement différents véhicules de divers constructeurs, on doit avouer que retrouver certaines commandes physiques comme celles de l’Audi A3 est d’un confort appréciable. On ne perd pas de temps à chercher les fonctionnalités essentielles. Certes, il y a maintenant des intérieurs plus modernes avec un effet « wow », mais souvent au prix d’une ergonomie déroutante. Audi fait dans le classique à bord de l’A3 sans pour autant se passer de technologies modernes.
Un habitacle bien équipé, mais…
En effet, notre modèle d’essai était équipé du guidage MMI Navigation plus, de l’Audi park assist, du régulateur de vitesse adaptatif, de l’aide au stationnement avec caméra de recul, de la phone box avec recharge sans fil, de la climatisation bi-zone ou encore de deux prises USB-C. Neanmoins, certains de ces équipements sont en option. Le client peut choisir de les régler à la commande mais aussi de les débloquer par la suite. Dans ce cas, il peut les acheter sans limite de temps ou les louer au mois ou à la semaine.
Cette politique commerciale concerne notamment la navigation MMI, le régulateur adaptatif, la climatisation automatique bi-zone, l’assistant des feux de route et la reconnaissance de la signalisation. Mais cette stratégie pose selon nous un problème : pourquoi payer pour débloquer un équipement déjà présent dans le véhicule ? Le véhicule n’a pas besoin de repasser en atelier pour débloquer ces options, aucun capteur ou accessoire n’est à ajouter. Ajouter un supplément à la commande du véhicule était compréhensible lorsque des pièces supplémentaires étaient ajoutées ; dans le cas présent, tout est déjà en place.
Louer ses options serait comme acheter sa maison mais devoir verser de l’argent mensuellement à l’ancien propriétaire pour utiliser certaines pièces. Difficile à avaler, vous ne croyez pas ? Attention, Audi n’est pas le premier constructeur à adopter cette politique, ni le seul. La critique n’est donc pas visée contre la marque aux anneaux mais plutôt contre ce tournant que tend à prendre l’industrie automobile.
Que vaut l’Audi A3 allstreet sur la route ?
L’Audi A3 allstreet est donc la plus grande nouveauté du restylage de la berline compacte. Mais que vaut-elle sur la route ? Derrière le volant, les différences avec l’Audi A3 Sportback sont minimes : l’allstreet reste avant tout une Audi A3. Le conducteur est parfaitement calé dans les sièges du pack intérieur S Line. La position de conduite ne semble pas plus haute que dans l’A3. En effet, si la garde au sol est bien augmentée de 3 cm, le positionnement du siège dans l’habitacle est identique.
Mais alors, cette garde au sol surélevée change-t-elle radicalement le comportement de l’Audi A3 ? Là aussi, la réponse est non. La transformation de comportement n’est pas immédiatement perceptible. L’Audi A3 allstreet est confortable sur autoroute, le niveau sonore dans l’habitacle n’est pas plus élevé que dans une A3.
Quand les routes deviennent plus sinueuses, la suspension modifiée de l’Audi A3 allstreet ne se montre pas handicapante. La prise de roulis est contenue, permettant à cette version « SUVisée » de rester dynamique. De même, la direction est suffisamment précise avec un volant agréable en main.
Notre version d’essai était motorisée par le diesel 2,0 TDI de 150 chevaux. Celui-ci se montre discret en fonctionnement et profite aussi d’un couple de 360 Nm. L’Audi A3 allstreet ne manque pas de reprises avec ce moteur et les consommations sont faibles. Audi annonce 5,0 l/100 km. Il faudra plutôt compter sur une moyenne de 6,0 l/100 km.
Pour les allergiques au diesel, une motorisation essence 1,5 TFSI de 150 chevaux aidée d’une micro-hybridation 48v est aussi disponible. Une motorisation TFSI e, hybride rechargeable, sera disponible en fin d’année 2024. Ce dernier offrira 204 chevaux et une autonomie tout électrique dépassant 100 km avec une charge.
Conclusion
L’Audi A3 allstreet est certainement la version qu’il manquait dans la gamme de l’A3. Les berlines compactes souffrent de la concurrence des B-SUV aujourd’hui plus à la mode. Pour contrer cela, l’Audi A3 allstreet prend les codes d’un SUV tout en conservant ses avantages de berline avec un confort certain sur autoroute et un comportement plus dynamique.
Reste maintenant la question du prix : l’Audi A3 allstreet débute à 39 980 €, soit 1 900 € supplémentaires par rapport à l’A3 sportback. Il faut la voir davantage comme une finition de l’A3 plutôt qu’un modèle à part entière. D’autant plus qu’elle propose les mêmes motorisations sans avoir la possibilité d’une transmission intégrale quattro. Dommage, on s’imaginait déjà partir sur les pistes et chemins du bout du monde avec comme alliée une tente profitant des barres de toit pour son installation. L’Audi A3 allstreet est l’aventurière des villes, celle qui aime avoir un look de baroudeuse mais qui reste attachée à son café Starbucks pour sa pause.
En ce qui concerne notre version d’essai bien optionnée et motorisée par le TDI 150, son prix grimpe à 52 060 €. Un tarif auquel il faut ajouter le malus écologique de 310 €.
Paul-Emile
Journaliste à plein temps, je mets ma passion et mes connaissances du monde de l'automobile au service des lecteurs d'Abcmoteur.
Au plaisir sur les routes et sur mon Instagram.
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