Carburants à prix coûtant dans toutes les stations de France, est-ce vraiment réalisable ?

Le feuilleton de ce mois de septembre est le prix des carburants et il n’est pas encore fini puisque le gouvernement joue avec les nerfs des distributeurs de carburants. Effectivement après avoir brandi l’idée du siècle, celle de la vente à perte, le président de la République a demandé à tous les distributeurs de carburants de lancer la vente à prix coûtant. Cependant, est-ce vraiment réalisable ? On vous explique !

120 000 opérations de prix coûtant ?

Selon franceinfo, ce ne serait pas moins de 120 000 opérations à prix coûtant dans 4 000 stations qui devraient avoir lieu jusqu’à la fin de l’année. L’objectif est de soulager le portefeuille des Français fortement chahuté par la dernière hausse des prix des énergies.

Carrefour et Leclerc se sont engagés à distribuer les carburants à prix coûtant tous les jours jusqu’à la fin de l’année (dès vendredi 29 septembre) tandis que Casino, Intermarché et Cora envisagent ce dispositif pour deux week-ends par mois. Enfin Système U et Auchan seraient moins généreux avec seulement un week-end par mois.

Ces distributeurs devraient permettre d’économiques quelques centimes par litre sur l’essence et le diesel. Cet effort est moins certain sur le GPL ou encore le superéthanol E85 qui sont moins impactés par la hausse des prix.

Cet élan de générosité vient de l’impulsion du gouvernement. En effet Elisabeth Borne, Premier ministre a envoyé des «messages simples : baisser les prix, faire plus de transparence sur les marges, et aider les Français à trouver les meilleurs prix près de chez eux.»

Plus compliqués dans les faits

Si la vente à prix coûtant ne réduit le prix des carburants de seulement quelques centimes cela représente un effort colossal pour les enseignes de grandes distributions. Des groupes pour lesquels la vente d’énergie peut représenter 20 à 25% de leur chiffre d’affaires.

« Le carburant, c’est 10 milliards de chiffre d’affaires. Donc, quand on bouge les centimes, ça fait tout de suite exploser les compteurs. » Michel-Edouard Leclerc.

La vente à prix coûtant généralisée peut aussi s’avérer désastreuse pour les petites stations indépendantes. Effectivement ces dernières ont souvent aucune possibilité de baisser les prix car la rentabilité du commerce est calculée au centime près. Elles devraient être peu nombreuses à proposer des offres prix coûtant. De plus, ces dernières devraient voir une baisse de leur fréquentation car les automobilistes devraient favoriser les enseignes de grande distribution plus avantageuses pour leur pouvoir d’achat.

Aucune remise gouvernementale en perspective ?

Le geste des distributeurs est louable mais il ne devrait pas permettre de réduire efficacement les prix des carburants. Effectivement leur marge est faible et la rentabilité pour eux se fait davantage sur la quantité vendue. On peut espérer au mieux, 1 à 2 centimes de moins par litre.

Au contraire, les taxes sont importantes dans la composition des prix des carburants. L’essence et le diesel sont imposés à environ 60% par litre. Le gouvernement a donc les clés en main pour réduire les prix des carburants mais cela ne semble pas être en projet sinon comment comprendre cette demande au secteur privé ?

Ainsi le gouvernement réaffirme qu’aucune remise n’est prévue. Un chèque carburant, annoncé par le Président Emmanuel Macron semble être le seul effort mais pour les « 50% de la classe la plus modeste qui doit utiliser sa voiture ».